Magazine Journal intime

De L'Insecticide Ecologique Au Sacrifice Humain.

Publié le 22 août 2008 par Mélina Loupia
Alors qu'à ce moment-même où Olivia Adriaco joue la belle des champs en proposant des idées innovantes mais exorbitantes en matière d'écologie, je me projette dans mon passé proche.
Hier, en fin d'après-midi, je reçois la viste de ma soeur aînée, au bras de laquelle était greffée mon petit neveu, le dernier, mais pas des moindres, venu me démontrer combien je lui manque en balayant tout sur son passage.
J'ai décidé d'un commun accord avec ma maison qu'il était préférable de s'installer dans le jardin, et tenter de déplacer la tornade afin qu'elle calmât ses ardeurs dévastatrices.
Bien mal m'en a pris.
En effet, depuis le début des festivités et de l'entrée en vigueur de l'interdiction de fumer dedans, j'ai mis à disposition des méchants fumeur un pot en terre assez grand pour qu'il ne soit vidé de ses mégots dégueulasses qu'une fois la saison achevée.
Nous sommes fin août et comme prévu, le cendrier d'été est ras la gueule.
Ce qui n'a pas manqué à l'observatoire à bêtises du fils de ma soeur, qui s'est empressé en un quart de seconde de s'en saisir et d'en reverser le contenu.
Comme réagir immédiatement soit en lui collant une mornifle sur son fondement déjà corné de fessées ou encore tout ramasser et se justifier d'un " Bouh, c'est pas bien, c'est caca" tout aussi ridicule qu'inutile, nous avons préféré feindre l'indifférence et dissimuler un soupir et un rire nerveux de lassitude.
Sur quoi mon père est arrivé dans l'espoir nourri de se baigner et constatant que l'eau de la piscine avait revêtu sa mousse verdâtre d'automne, s'est ravisé et a concentré son attention sur les dégâts.
"Vous savez qu'en faisant macérer les vieux mégots et en vaporisant le jus obtenu sur les plantes, ça vous donne un excellent insecticide contre les pucerons?
-Cool! En même temps, ici, des plantes, y en a pas, c'est no plants land chez moi, mais ma foi, c'est écologique et pas cher."
C'était sans compter l'écoute embusquée d'Arnaud, qui, retranché de l'autre côté de la terrasse à moudre de la terre, n'avait rien perdu de la conversation écologique.
"C'est pas vrai, ça coûte cher Pépé, puisque c'est avec les cigarettes que tu achètes que tu fais l'insecticide, et en plus, ça ruine la santé.
-D'autant plus qu'il doit falloir une sacré dose de mégots pour pulvériser tout un jardin.
-En fait, il faudrait trouver le plus gros fumeur du village et récolter ses mégots.
-Oui, mais peut-être les gens voudraient qu'il fume plein de cigarettes pour tous avoir plein d'insecticide et après, il mourrait et ça, vraiment c'est pas bien.
-...
-Je t'arrête tout de suite, je sais ce que tu vas me dire et c'est NON."
Oui, non, je ne lui ai pas dit qu'il faudrait alors désigner une âme fumeuse et condamnée à fumer plus que de raison, la faire mourir plus vite que sa destinée et que par conséquent, l'incinération de son corps pourrait également être untile à enrichir la terre des jardins particuliers, ce qui induirait de fait le sacrifice humain proportionnel à la superficie des dits jardins.
Ce qui induirait l'accroissement exponentiel du taux des questions souvent insolvables d'Arnaud, et j'ai bien fait de me taire jusqu'à ce que ce soit lui qui le dise.
Ce que je n'avais pas prévu.
Ce matin, heureusement, la commande de Transformers passée il y a deux jours n'est pas arrivée dans la boite aux lettres et ce retard de livraison est la priorité de cet enfant qui refuse obstinément de croire que le facteur ne sonne qu'une fois, malgré la légende.
Il attend depuis dix heures ce matin, sur la terrasse, espérant que le préposé au courrier ait retrouvé le colis sous son siège et fasse demi-tour.
Quant à moi, j'attends de modérer ma tentation de lui dire qu'en effet,  dans le temps, les sacrifices humains résolvaient bien des maux.

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