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1960 - Nikita Khrouchtchev en France

Publié le 18 avril 2024 par Perceval

Ce mercredi 23 mars 1960, Elaine rate ses cours, pour aller avec sa mère ( Geneviève) assister à la venue de Nikita Khrouchtchev, président du conseil des ministres de l'URSS, qui entame une longue visite officielle en France, du 23 mars au 3 avril 1960.

Par cette invitation, le Général tient sans-doute à affirmer vis-à-vis des États-Unis l'indépendance et la souveraineté nationale en dialoguant directement avec les Soviétiques. Et le leader soviétique est ravi de trouver en France une plate-forme pour accroître sa propagande relayée par le parti Communiste.

Lancelot rattaché au DMA suit de loin, l'état de nos relations avec l'URSS, et en particulier la situation très particulière imposée à Berlin, au cours de ces années de Guerre froide.

Nikita Khrouchtchev et de sa femme ont atterri à Orly. Accueillis par le général de Gaulle, ils regagnent Paris à bord d'une voiture noire décapotée, escortée par soixante-cinq motards de la Garde républicaine.

1960 Nikita Khrouchtchev France

Tout au long du trajet, une foule dense se presse sur les bords de la route.

Le journal l'Humanité insiste sur l'accueil " positif " réservé au président soviétique : " La porte d'Orléans sera grande ouverte, comme les bras de ceux qui, par milliers et milliers,, trottoir après trottoir, applaudiront le messager de la paix "..

Une fois à Paris, cent un coups de canon saluent l'arrivée de l'hôte soviétique.

A 12h le cortège présidentiel arrive au Palais des Affaires Étrangères, résidence du leader soviétique et sa femme. Nikita Khrouchtchev salue les parisiens du balcon de sa résidence sur le Quai d'Orsay.

Un déjeuner ''intime'' est prévu au Palais de l'Elysée.

" Je dis la Russie et la France [...], c'est-à-dire deux nations très anciennes et très jeunes, filles d'une même mère l'Europe, deux peuples dont l'âme profonde s'est formée à la même civilisation et qui, de tout temps, éprouvèrent l'un pour l'autre un attrait particulier, deux États qui n'ont entre eux directement aucun territoire contesté ni aucun outrage à venger et qui furent des alliés, quand deux fois au cours de ce siècle, leur continent se trouva menacé par une ambition sans mesure et, depuis lors, disparue. " Toast adressé à N. Khrouchtchev le 23 mars 1960 à l'Élysée.

1960 Nikita Khrouchtchev France

La question de l'avenir de l'Allemagne, la position de l'URSS sur les événements d'Algérie, considéré comme ''ambiguë'' par le Quai d'Orsay, sont au cœur des discussions. On parle également de coopération culturelle, scientifique et technique franco-soviétique, notamment sur le nucléaire civil...

Nos hôtes soviétiques visitent pendant ces douze jours, une vingtaine de villes françaises. Ils avaient refusé de prévoir l'étape de Hassi-Messaoud et de se rendre en Algérie, ce qui signifierait qu'ils reconnaissent implicitement que les départements algériens ne se distinguent pas des départements métropolitains.

A Dijon, le maire, le chanoine Kir, est empêché par sa hiérarchie de recevoir cet ''ami'' communiste. On dit que le prêtre, ce jour là, se laisse ''enlevé'' pour une visite en Haute-Marne.

Une invitation est faite au Général de Gaulle pour une visite officielle en Union Soviétique. On parle de l'été 1966.

1960 Nikita Khrouchtchev France

Serait, avec les années Khrouchtchev ( 1953-1964) , ce que les journaux nomment le ''dégel'' avec la reconnaissance des erreurs du stalinisme, et le désir de normaliser les relations avec l'Ouest ?

Rien n'est moins sûr... N'oublions pas la répression de l'insurrection de Budapest contre l'autorité soviétique en 1956. Et, en 1957, l'" Affaire Pasternak ", avec '' Le Docteur Jivago '' qui demeure interdit dans son pays. Etc...etc.

Un autre exemple : le 1er juin 1962, à Novotcherkassk, 5000 personnes, dont des ouvriers qui manifestent contre leurs conditions de travail, sont empêchés de le faire, la police ouvre le feu : 26 morts, 87 blessés, dit-on.

Enfin, en Octobre 62, la Crise est extrême : des armes nucléaires soviétiques sont installés à Cuba, en représailles des missiles balistiques américains en Turquie : nous sommes tout près du conflit nucléaire.

Pour nous, l'URSS se confond avec la Russie, ses chœurs, ses ballets, son cirque, son folklore. Les écrivains contemporains sont ignorés, nous restons attachés aux auteurs du XIXe s. Nous avons également l'image de l'espion, et de l'agent du KGB.

Cependant, les ''intellectuels'' s'intéressent aux guérillas et révolutions communistes qui se mènent dans le monde entier ainsi qu'au mode de fonctionnement des républiques populaires dont la mère patrie est l'URSS. Notre culture s'imprègne, s'initie et soutient ces révolutions, d'autant qu'elles concernent des gouvernements dictatoriaux soutenus par les États-Unis.


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