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La christologie des Bibles basées sur le texte standard n’a rien à envier à celle des Bibles basées sur le texte reçu

Par Monarchomaque

La christologie des Bibles basées sur le texte standard n'a rien à envier à celle des Bibles basées sur le texte reçu

26 avril 2024 par Tribonien Bracton

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Le " texte standard" du Nouveau Testament est un ensemble d'éditions académiques du N.T. grec réalisées aux XIXème-XXIème siècles dont le contenu provient principalement (mais pas exclusivement) des manuscrits néotestamentaires grecs du texte-type alexandrin antique. Le " texte reçu" du Nouveau Testament est un ensemble d'éditions du N.T. grec réalisées aux XVIème-XIXème siècles dont le contenu est dérivé en partie des manuscrits néotestamentaires grecs du texte-type byzantin médiéval, en partie de la Vulgate latine médiévale tardive, et en partie des aléas circonstanciels de la Pré-Réforme catholique, de la Réformation protestante puis de la Contre-Réforme catholique.

Chacun de ces deux ensembles - le texte standard et le texte reçu - constituent des textes de base qui servent à leur tour pour la traduction du N.T. en langue vernaculaire (c'est-à-dire en français, anglais, allemand, néerlandais, etc.). Ainsi, il y a des Bibles françaises dont le N.T. est basé sur le texte standard (comme la famille des Bibles Louis Segond, ou les Bibles Darby, Jérusalem et Semeur), et aussi d'autres Bibles françaises dont le N.T. est basé sur le texte reçu (comme les Bibles Martin, Ostervald ou Lausanne).

Une accusation qui est souvent dirigée par certains gens qui préfèrent les Bibles basées sur le texte reçu contre les gens qui utilisent les Bibles basées sur le texte standard, est que ce texte standard remettrait en question des croyances centrales de la foi chrétienne telles que la compréhension orthodoxe (c'est-à-dire & chalcédonienne) de la Trinité et de la divinité de Jésus-Christ. Par exemple, la Préface du N.T. de la Bible de Lausanne révisée ( BLR, 2022) traduite par Timothy Ross et al. affirme :

" Les changements introduits par le texte critique [c-à-d le texte standard] touchent aussi aux doctrines fondamentales de la foi chrétienne. Rien que dans l'Évangile selon Matthieu, ce texte omet le nom ‹ Jésus › vingt-deux fois. La nouvelle méthode a également ressuscité des erreurs [ sic] enterrées depuis des siècles dans une infime minorité de manuscrits. Ainsi la phrase ‹ Dieu a été manifesté en chair › (1 Timothée 3:16, Bible Martin et Bible de Lausanne) est devenue ‹ porte atteinte à la celui qui a été manifesté en chair › (1 Timothée 3:16, Segond). Cette dernière lecture qui doctrine de la divinité de Christ [ sic!] est appuyée par moins de douze manuscrits sur les cinq mille existants [ sic]. " (p. IV-V).

Le même genre d'attaque se retrouve également dans la brochure de Malcom Watts intitulée La Parole que donna le Seigneur - Histoire du texte biblique, publiée par la Société Biblique Trinitaire (SBT, qui est aussi l'éditrice de la BLR) en 2012 :

" Le texte de type alexandrin

[...] Ce type de texte est issu d'Alexandrie en Égypte [ sic]. Nulle part les Écritures ne témoignent de la moindre présence apostolique dans cette région ; et l'histoire de l'Église révèle que bien des hérétiques notoires y résidèrent et y dispensèrent leurs enseignements, par exemple des gnostiques comme Basilide, Isidore, et Valentin. On doit considérer avec la plus grande prudence tout texte qui émane de cette région. [...]
Les deux grands représentants de ce type de texte, les codex Aleph [ 01] ( Sinaïticus) et B[03] ( Vaticanus), sont de qualité particulièrement médiocre [ sic]. [...] Ces manuscrits principaux montrent à quel point ils sont corrompus [...] on peut supposer que ces deux codex furent écartés à cause de leurs défauts [...] on est en droit de penser que les premiers scribes doutaient de sa fidélité [du Codex Vaticanus]. Il se peut que les chrétiens orthodoxes des premiers siècles aient su que B[03] était corrompu [...] les ‹ manuscrits les plus anciens › sont en fait les plus mauvais [ sic]. " (p. 28-29).

Même rengaine dans la Préface de la King James Française ( KJF, 2022) traduite par Nadine Stratford et publiée par la First Bible Church de Staten Island dans l'État de New York :

" Ces outranciers changements et édulcorations qui apparaissent dans les versions françaises de la Bible soulèvent des controverses et confusion. Ils vont même jusqu'à renier quelques-unes des doctrines fondamentales, telles que le salut par grâce par la foi en l'oeuvre achevée du Seigneur Jésus Christ, la Déité de Jésus Christ [ sic], la naissance de Jésus Christ d'une vierge [ sic], l'infaillibilité de la Bible [ sic], l'omission du mot "sang" dans des douzaines de versets, pour ne citer que ces quelques erreurs majeures. " (p. II).

Bref, aux yeux de messieurs Ross et Watts, ainsi que de madame Stratford, le texte-type alexandrin antique, et par extension le texte standard moderne, sont des textes hérétiques anti-trinitaires. (S'ils hésitent à le dire explicitement, ils ne se gênent pas pour le sous-entendre implicitement dans le but de conduire leurs lecteurs à soupçonner les N.T. dérivant du texte standard d'être teintés par l'anti-trinitarisme.)

Mais est-ce vraiment le cas ? Les manuscrits grecs dits alexandrins et les Bibles françaises reflétant le texte grec standard rejettent-ils ou diminuent-ils véritablement la divinité et la majesté de Jésus-Christ ? Les tableaux comparatifs contenus dans le document ci-dessous prouvent que ce n'est absolument pas le cas ! Bien au contraire, dans une multitude de lieux-variants, le texte standard véhicule une christologie plus orthodoxe ou plus élevée que le texte reçu (qui fait même pâle figure en comparaison).

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La christologie du texte standard est souvent supérieure à la christologie du texte reçu

Document aussi accessible sur Calaméo et , ou en téléchargement direct ici.

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Les allégations ou insinuations d'hérésie anti-trinitaire reproduites ci-dessus n'ont donc aucun fondement théologique ou factuel. Elles peuvent et doivent par conséquent être qualifiées de calomnies et de médisances.

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" Ceux qui ont fait de nouvelles traductions du Nouveau Testament [aux XVIe-XVIIe siècles] sur le grec n'ont pas été tous exacts dans leurs versions, parce qu'ils n'ont consultés qu'un petit nombre d'éditions grecques [c-à-d le "texte reçu"] ; au lieu qu'ils doivent aussi consulter plusieurs exemplaires manuscrits qui fournissent un grand nombre de leçons [comme le font aujourd'hui ceux qui établissent le texte standard Nestle-Aland]. " - Richard Simon, Histoire critique du texte du N.T., 1689, p. 344


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