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La gauche dite universaliste s’indigne…

Publié le 07 mai 2024 par Observatoiredumensonge

La gauche dite universaliste s’indigne… c’est pourtant elle qui a accouché de l’islamo-wokisme

Face au triste spectacle offert par Sciences Po ou la Sorbonne, la gauche dite universaliste – entendez éclairée, raisonnable, propre sur elle, maniant un progressisme de bon aloi – fait mine de tomber à la renverse : mais-comment-en-sommes-nous-donc-arrivés-là-ma-brave-dame ? Cette gauche qui votera Glucksmann ou Hayer aux prochaines européennes fronce des sourcils réprobateurs, émet des oh, des ah, quelques admonestations molles à l’endroit des étudiants perturbateurs et… et c’est tout. Car elle sait. Elle sait qu’il faudrait l’appeler en réalité non pas la gauche de progrès mais la gauche de Shelley. Mary Shelley. Celle qui a créé Frankenstein. Les islamo-wokistes – selon l’expression de Philippe de Villiers – qui manifestent sont… leurs enfants. Au sens figuré, et parfois au sens propre.

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Rhétorique décoloniale 

La clé de voûte de cette architecture pro-palestinienne est la rhétorique décoloniale, qui déploie son emprise idéologique sans dire son nom depuis bien longtemps, grâce à cette gauche qui fait mine, aujourd’hui, d’être effarouchée par son œuvre, comme un arbre qui renierait ses fruits.

Cette rhétorique, sous-tendue par une véritable idéologie, a pris son essor en Amérique du Sud pour dénoncer l’hégémonie occidentale instaurée par la colonisation européenne des Amériques. Elle s’est ensuite étendue au début du XXIe siècle à l’hégémonie occidentale en général, portée par les universitaires nord-américains et européens. Mais en réalité, le terreau est alimenté, le champ labouré, depuis plus d’un demi-siècle. Et en France, le point de départ de ce fil rouge, si on en remonte la pelote, est la guerre d’Algérie.

Tout est pardonné au colonisé parce qu’il est opprimé et, donc, figure par excellence de la victime, tandis que le colonisateur porte tous les péchés parce qu’il est oppresseur et, donc, figure par excellence du bourreau. Et cette religion décoloniale ne connaît pas de rédemption ni de jugement individuel : on est condamné pour ce que l’on est, non pour ce que l’on fait.

Or, ce discours a été porté par toute la gauche d’hier, mitterrandienne. Enfant de l’école publique, je peux témoigner : dans mon collège puis mon lycée parisien, les profs d’histoire qui avaient fait la fête à la Bastille, le 10 mai 1981, vomissaient les militaires français et brocardaient les pieds-noirs. Les livres scolaires qu’ils faisaient acheter à nos parents à leur corps défendant également, quoique plus finement.

À les écouter, l’armée, là-bas, n’avait fait que torturer. Moi qui étais fille de médecin militaire savais bien pourtant tout ce que ce corps avait apporté, parfois au prix de sa vie : dévoué aux populations civiles, développant un maillage sanitaire, multipliant les dispensaires et les vaccinations, vainquant lèpre, tuberculose, peste, choléra, maladie du sommeil, paludisme, fièvre jaune, variole, etc., l’évolution démographique parle d’elle-même.

Si l’Algérie peut se prévaloir d’une population florissante aujourd’hui, c’est grâce aux médecins coloniaux. Était-il donc impossible pour ces professeurs de livrer aux élèves une vision nuancée de cette période sans en rien cacher, ni l’ombre ni la lumière, plutôt que souffler sans cesse sur les braises d’une repentance manichéenne, masochiste et, in fine, délétère ? L’Israélien est aujourd’hui le pied-noir d’hier. LE colon contre lequel tout est permis, y compris les pires exactions.


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