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Bardella la menace ?

Publié le 07 mai 2024 par Zebralefanzine @zebralefanzine

Il faudrait ignorer complètement l'histoire du XXe siècle, avoir le crâne bourré de roman national, pour prendre Jordan Bardella pour une menace sérieuse. L'extrême-droite française a toujours été instrumentalisée par l'oligarchie capitaliste. Elle l'a été par François Mitterrand à partir de 1981, introduisant le scrutin proportionnel et montant en épingle le Front national grâce à ses relais dans les médias, afin de diviser la droite gaulliste adverse. Il n'a jamais été sérieusement question d'interdire le FN, il n'en a été question que pour éloigner le soupçon de manoeuvre sournoise de la part du PS. F. Mitterrand n'a d'ailleurs fait là qu'imiter la stratégie d'alliance du parti gaullliste avec le PCF après la Libération.

Ce petit rappel des faits est nécessaire pour la jeune génération embobinées par les cours d'Education civique, où l'on n'apprend pas que les "valeurs républicaines" sont en fait des valeurs bonapartistes-populistes.

Avant d'être "retourné" par François Hollande, "Charlie-Hebdo" affirmait sobrement : "Elections, piège à cons." En 2024 ce sont les Gilets jaunes qui le disent : attention aux médias qui appellent à voter E. Macron en vous faisant croire qu'il est différent de Bardella, alors que le chef de l'Etat n'est guère plus qu'une interface - un acteur de télévision. La comédie de l'audition de Cyril Hanouna n'avait qu'un seul but : faire oublier que Cyril Hanouna a plus de pouvoir que les parlementaires qui perdent leur temps et l'argent du contribuable à l'auditionner.

Si l'on retrace l'histoire de l'extrême-droite en remontant jusqu'à l'Action française, on ne pourra éviter cette conclusion que c'est un parti de crétins manipulés. Il n'est pas de crise capitaliste qui n'ait fait naître dans la population, en France comme dans le reste du monde, un sentiment populaire de mécontentement, ayant pour effet d'isoler les technocrates au pouvoir ; le krach mondial de 2008 a déstabilisé une nouvelle fois la société française, stimulant le populisme d'extrême-droite ou d'extrême-gauche, mettant en péril l'illusion démocratique.

Le fachisme n'est que le moyen, conçu et financé par l'oligarchie, de conserver la main - un parti de domestiques. C'est d'ailleurs habile de la part de l'oligarchie dirigeante d'opposer ses domestiques au reste de la population française. K. Marx dévoile cette stratégie typiquement française dès la fin du XIXe siècle. La fonction publique française n'a pas, selon Marx, une fonction républicaine : si l'Etat est de moins en moins régalien, et de plus en plus policier, c'est pour la raison principale qu'il est un Etat capitaliste selon Marx.

Pour cette raison le discours de Jordan Bardella sur l'immigration est parfaitement hypocrite : la dérégulation en matière d'immigration est une conséquence de l'économie capitaliste. C'est la désindustrialisation qui a rendue l'immigration problématique, la gauche libérale se chargeant de nier ces problèmes pour le compte de l'oligarchie, et de faire miroiter une paix européenne qui n'a jamais eu lieu ; la désindustrialisation résulte bien d'une tactique économique que les institutions politiques ont renoncé à contrôler. Cette tactique n'est pas une politique économique, car elle fait du profit une priorité, ce qui revient sur le plan sportif à faire de la performance une priorité. Il n'est pas inutile de considérer la chose sur le plan sportif, car c'est sur ce plan que l'absence radicale d'éthique des élites capitalistes est le plus facilement observable ; un dealer a plus d'éthique qu'un journaliste sportif... car la plupart des clients des dealers n'ignorent pas ce qu'ils achètent.

La cupidité elle-même stimule l'immigration "économique", sans oublier la guerre froide entre la Russie et les Etats-Unis qui déstabilise de nombreux pays en voie de développement et condamne à l'exil des millions de personnes.

Le pion Bardella ne prend même pas la peine de critiquer les JO de Paris 2020, conçus comme une vitrine du capitalisme et ses pratiques criminelles (financement du terrorisme international). Le premier geste de campagne de ce candidat des oligarques a été de s'incliner devant l'OTAN, confirmant s'il en était besoin que les partis "souverainistes" sont des partis de cocus acharnés, assez idiots pour révérer un général de Gaulle dont le régime a facilité la prise de pouvoir de l'oligarchie, dont l'ignominie va jusqu'à invoquer les victimes de la shoah pour couvrir ses activités criminelles, au risque de compromettre les Juifs honnêtes : la petite racaille des banlieues et ses petits trafics ne sont rien en comparaison de tels procédés.

Le meilleur historien du XXe siècle, George Orwell, que l'on ne peut soupçonner de compromission avec le fachisme, a écrit dans le journal qui l'employait que le fachisme n'existait pas, qu'il serait sans doute perfectionné à l'avenir par le communisme ou le libéralisme, bien conscient du rôle de trait-d'union joué par le fachisme historique entre les cartels capitalistes et les populations italienne ou allemande.

La surprise n'est pas qu'une extrême-droite ripolinée en vitesse, représentée par Jordan Bardella, soit aujourd'hui considérée par l'oligarchie (qui la conspuait hier) comme un joker possible : bien plus étonnante l'inertie de la gauche entre 1981 et 2020, en particulier la soumission de l'Education nationale, puisque c'est en son sein que le bourrage de crâne a lieu, dès le plus jeune âge, l'enseignement des mathématiques totalitaires jusqu'à plus soif.

En félicitant "les syndicats marxistes" (sic) dans "Le Figaro", pour le travail accompli dans l'Education nationale, peu de temps avant son limogeage, le ministre J.-M. Blanquer a pris le risque de dévoiler les rouages du système oligarchique, dans lequel l'Education nationale joue un rôle important, car les petits Français y apprennent très tôt à prendre les vessies pour des lanternes, le roman laïc pour l'Histoire véritable. Ce roman laïc a pour but d'attribuer le beau rôle aux élites républicaines dans "le progrès" politique voire scientifique (énergie nucléaire, où est ton progrès ?).

La mauvaise nouvelle pour la jeune génération, née en plein marasme capitaliste, c'est qu'elle se trouve face à une classe politique entièrement inféodée à l'oligarchie, qui ne se soucie que de clientélisme et de strapontins, quand bien même les élections européennes engendrent des députés et des groupes parlementaires sur lesquels la Commission s'essuie les pieds, au vu et au su de tout le monde.

La jeune génération est coupée des générations qui adhèrent au capitalisme par habitude ou par conformisme, pour qui les scrutins électoraux sont organisés à grands frais, afin de donner une apparence de légitimité républicaine aux décisions prises en comités restreints de technocrates.

La bonne nouvelle est que cette jeune génération peut reprendre son destin en main, se soustraire aux injonctions du système oligarchique, aux sirènes de la société de consommation, auxquelles les générations précédentes ont cédé, malgré "Mai 68" qui se proposait d'y mettre fin, dans un contexte moins favorable de déploiement des puissances militaires russe et américaine.

Les méfaits et malversations des politiques oligarchiques sont perceptibles aujourd'hui par une part de la population française bien plus large qu'en "Mai 68" : le parti de Marine Le Pen et celui de M. Mélenchon sont des partis de capitalistes déçus des effets du capitalisme : les krachs à répétition, l'abrutissement de la culture de masse, l'immigration incontrôlée, la médecine inféodée aux laboratoires pharmaceutiques, le trafic de drogue incontrôlé, les "réformes sociétales" qui ne sont que le reflet juridique du capitalisme...

 Comme la société de consommation ne repose sur aucun besoin véritable, on ne perd absolument rien à s'écarter de ses codes, à se boucher les oreilles pour ne pas écouter cette petite musique macabre ; on ne peut que gagner en intelligence et en volonté. Le totalitarisme, dont "1984" comme le "Brave New World" d'A. Huxley montrent qu'il est lié à la société de consommation (à la production d'une culture de masse), le totalitarisme est, avant tout, un conditionnement.  Orwell explique que l'honnêteté est le premier pas du déconditionnement.

Affronter la caste des actionnaires du capitalisme et leur garde prétorienne, suivant un réflexe romantique, est sans doute une grossière erreur commise par les plus jeunes. Elle a d'ailleurs tendance à les opposer entre eux, comme si la violence était policière, alors qu'elle est préfectorale et étatique d'abord.

Les Gilets jaunes ont fait trembler l'oligarchie car ils ont su garder leur sang-froid, soulignant plutôt par leur stratégie l'isolement d'une caste technocratique, dont on peut se demander si elle n'a pas perdu la tête et ne situe pas au niveau de l'intelligence artificielle.

Pratiquement la jeune génération n'a rien à perdre mais tout à gagner à se désolidariser d'une classe politique qui n'en est pas une, mais plutôt une bande d'acteurs de série B, en ce qui concerne les candidats au parlement de Bruxelles. Quel intérêt la jeune génération a-t-elle à prendre parti dans la Guerre froide, pour l'un ou l'autre des camps qui s'opposent, sur tous les continents ?... une guerre sans but ni fin, qu'elle n'a pas déclaré.


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