Magazine Journal intime

Pourquoi ce blog ?

Publié le 25 août 2008 par Laurent Matignon

Pourquoi ce blog ?
C’est une question que l’on m’a posée maintes et maintes fois depuis que je me suis lancé dans l’aventure, un jour – que je ne qualifierais pas de spécialement beau – de février 2007.
Pourquoi ce blog ?
Tout d’abord pour essayer d’exorciser ce mal qui m’a terrassé en avril 2003 et sur lequel il est si difficile de mettre des mots. Extérioriser la violence de ces sifflements, ces douleurs, ces propos hostiles et imbéciles de personnes coupables d’ignorance ou avares de gestes simples qui auraient pu un tant soit peu soulager ma souffrance.
Exprimer pour évacuer. Tourner la page. Les pages. Chapitre après chapitre.
Jusqu’au Happy End.
Pourquoi ce blog ?
Egalement pour éviter à certains ce véritable parcours du combattant – expression ô combien galvaudée mais dont j’ai enfin saisi le sens – qui m’a vu, dans la majeure partie des cas, effectuer mon propre diagnostic, là où celui des ORL se résumait bien souvent à un « vous êtes stressé, détendez-vous et cela finira par partir. »
Des traitements existent. Encore faut-il rencontrer cette étrange race de médecins qui n’a pas éteint neurones et empathie après la remise du diplôme. Encore faut-il, en fin de compte, s’adresser à un spécialiste après avoir soi-même entre-aperçu le début d’une ébauche de solution à l’infernale équation.
En cela internet m’a grandement aidé et je n’ose imaginer dans quel état de délabrement mon corps se convulserait aujourd’hui encore si je n’avais croisé ci un témoignage dans lequel je me suis reconnu, là une théorie audacieuse sur les causes et conséquences de ces sons obsédants. N’écoutez pas ces médecins qui voient d’un œil mauvais leurs patients accorder parfois plus de crédit à quelques pixels qu’à leur borborygmes : si vous en ressentez le besoin, surfez, lisez, questionnez, consultez.
Je songe en particulier à SOS-Audition, à France-Acouphènes et à l’APTA, l’Association de Prévention des Traumatismes Auditifs. Un grand merci à eux pour toute l’aide que j’ai pu y trouver. A mon tour désormais de vous en faire bénéficier en partageant avec vous, à travers mes doigts hagards et mon regard hésitant, mes petites victoires et mes grands espoirs face à cette maladie (la dépression) et ces symptômes (vider le sac pour un contenu exhaustif).
Pourquoi ce blog ?
Evidemment, enfin, parce qu’il y a quelque chose que je ne comprends toujours pas, après tant d’années de souffrances : comment est-il possible que quelqu’un comme moi, qui lisais assidûment la presse spécialisée (Rock & Folk, les Inrocks, Rock Sound ainsi que quantités de fanzines qui tenaient plus ou moins bien la lecture), qui me nourrissais d’émissions radio en stéréophonie sur des ondes le plus souvent peu dépendantes, qui, surtout, arpentais les salles de concert avec la frénésie d’un jeune puceau face à une horde de sylphides, n’ait jamais été confronté au moindre message d’avertissement ?
J’avais certes conscience, comme la majorité de mes compatriotes que, à pleine puissance, l’écoute prolongée du baladeur pouvait endommager l’oreille de l’utilisateur. De tel engin je ne possédais point. A dire vrai trônait au fond d’un tiroir un vieux Walkman à cassette rouge et noir mais le son qu’il délivrait ôtait en moi toute envie d’une écoute prolongée. Il me semblait même évident, à l’époque, que le mélomane ne pouvait décemment prendre du plaisir avec un tel objet : quid de la dynamique, des détails, de la richesse harmonique et, surtout, de l’émotion que la musique peut procurer lorsqu’elle se trouve projetée à travers le prisme d’une telle boîte de plastique ?
Aussi ne me suis-je jamais fait de souci. Dans mon esprit, seuls ceux qui s’aventuraient à traverser la vie avec des oreilles de Mickey s’exposaient à une perte graduelle de leur audition. Tel un vacancier imprudent qui s’étale sous le soleil brûlant de ma Côte bien-aimée – « en plein cagnard », comme l’on dit dans ces contrées – et qui peut, après bien des années, développer un cancer de la peau.
Poussons la comparaison plus avant : il m’était arrivé à de rares occasions, lors d’une soirée dans un de ces lieux où l’on passe de la mauvaise musique pour plaire au plus grand nombre, autrement dit une discothèque, de ressentir des sifflements au moment de mon évasion. Un coup de soleil, en somme. Il n’y paraissait plus dès le lendemain. Il en était de même pour mes compagnons d’un soir.
Je me trompais lourdement : autant il est difficile, loin de Tchernobyl, de développer un cancer après une simple journée à la plage, autant une seule soirée en concert peut détruire l’audition de manière irrémédiable. Et, bien pis encore, voir apparaître ces maudits acouphènes… terme dont je connaissais l’existence et la définition mais dont j’étais bien loin d’imaginer qu’il pourrait un jour me concerner de si près ! A l’intérieur de mon crâne, me vrillant tempes et tympans, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jour sur sept !
Hyperacousie… Celui-ci, même dans mes cauchemars les plus fertiles, je n’aurais pu en inventer la substance. Se voir ainsi plongé dans une souffrance indicible par le fait d’être exposé à des sons d’une effrayante banalité m’aurait semblé tout droit sorti d’un épisode de la Quatrième Dimension : pas crédible une seule seconde en somme !
Et pourtant… Selon la formule consacrée, la vérité est parfois bien peu vraisemblable.
J’en ai fait l’amère expérience et en paie encore le prix.
Pourtant, quelques personnes autour de moi savaient et connaissaient mon style de vie : elles ne m’en ont jamais touché un mot.
J’aurais dû savoir.
Il ne pouvait en être autrement.
Je n’en ai pourtant rien su.
Rien su jusqu’à ce jour que je qualifierais de fatidique, si la foi faisait partie de mes fardeaux.
Voilà pourquoi j’ai créé ce blog.
Pour continuer ma thérapie – je vais infiniment mieux, merci, mais il reste quelques kilomètres à avaler.
Pour faire partager mes modestes connaissances – ou devrais-je dire ma modeste expérience du sujet – et éviter ainsi les tâtonnements coupables auxquels m’ont contraint certains médecins.
Pour, enfin, éviter que cela vous arrive à vous qui êtes en train de lire ces quelques lignes et qui ne comprenez pas exactement de quoi il est question : puissiez-vous l’ignorer à tout jamais !
(Pourquoi pas ?, se sont dit Jean-Baptiste Charcot et Olafia Lar)

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