Descente

J'avais un quart d'heure, soit l'exact temps nécessaire à ma voiture pour parcourir les 8 km qui sépare la gare TGV de la maison de moi,  pour avaler mon chagrin  ma mélancolie et retrouver figure humaine. Lâcher l'amante visiteuse amateuse de photos et  redevenir la mère disponible et ....disponible pourvoyeuse exclusive en coca light et autres boissons non alcoolisées.

Le coin de la rue, je respire à fond, j'ai le coeur coincé, je ne pensais pas que la descente allait être si dure, je vais pas y arriver....en plus de mes hommes et des chats, mon père est là, il m'attend sur la terrasse, cigarette à la bouche.

Je le vois....de loin.

Dans ma vie j'ai deux boulots, un vrai avec des thunes au bout, et un second chronophage et maso.: psy/nounou/souffre douleur de papa qui s'en fout de mes états d'âme.

"ou t'étais ?"

Premiers mots de bienvenue entendue en descendant de la voiture, valise à la main. Je serre très fort la poignée, envie de repartir, de disparaitre.  De les abandonner là.

"bonjour papa, oui je vais bien et toi ça va ?

"A Arles avec une copine, c'était bien et un peu court (pourquoi je mens ?)"

"et les enfants ?"

"Oh papa, arrête. Camille a 21 ans, il peut parfaitement capable garder son frère deux jours non ? reste assis, je vais faire un café."

"M'mannnnn !!!!! t'es là ?"

"ben oui, si ce n'est pas ta mère planté devant toi, reconnais que ça y ressemble beaucoup non, ça va toi ?

" y aplusdecocaplusdePim'sleschatsn'ontplusdecroquettesj'aiiiiiiiiiifaim."

Je serre encore plus fort encore la poignée de cette putain de valise que je ne me résout décidement pas à lâcher, mon dernier rempart entre eux et moi, les larmes ne sont pas loin, je vais partir, je vais les laisser se démerder seuls. Tenir. Ici et maintenant. Ne pas oublier que je les aime.

"moi je vais bien, merci, c'est dimanche chéri, tu attendras demain et les chats aussi."

Pourquoi je lui ai dit que je préférais en rester là après ce beau week-end ? pourquoi cette connasse la peur prend régulièrement le contrôle sur ma vie et me fais faire et dire n'importe quoi ?

Pourquoi dans les films romantiques, le héros insiste quand l'héroine est un peu conne et fragile sur un quai de gare et pourquoi dans la vraie vie, le héros répond : "bon d'accord, tu as peut-être raison, je sais pas. De toute façon, je n'ai pas le choix non ?..(long silence je vais mourir)....tu m'envoies les photos quand même hein ?"

Il veut une famille, des enfants. Je veux juste un amour....

QUelqu'un veut bien m'adopter ? Vous me reconnaitrez facilement, je suis assise sur le perron de ma maison j'ai une robe Isabelle M. un sac Jérome D. au bout du bras et des ballerines H&M vernis noire (je ne suis pas parfaite), les ongles des pieds/des mains fraichements manucurés rouge vermillon, le cheveux qui frisotte la pluie venue, je suis lasse et je veux qu'on s'occupe de moi.

Ps1 : message à A. le héros de mon histoire, qui heureusement ne me lit pas.

"Si je te fais un enfant là maintenant, tu prends soin de moi ?"

Ps2 : je suis gentille, rigolote, riche (!!) et pas chiante (enfin pas trop), je doute parfois, je raconte beaucoup de choses sur mon blog, je n'aime pas Christine ANgot et la corrida et je suis en solde mais pas d'occasion.