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Ceux qui flottent entre deux eaux

Publié le 07 septembre 2008 par Jlk

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Celui qui te disait que l’obsession d’avoir le dernier mot est le fait des curés et de leurs semblables / Celle qui taxe de paranos ceux qui prennent la peine d’argumenter leurs positions en matière d’écologie préalpine / Ceux qui profitent de leur état grabataire pour écrire des poèmes de cul / Celui qui prend goût au chlorhydrate de tramadol / Celle qui essaie tous les chapeaux du Bon Marché / Ceux qui louent un cabanon solitaire pour faire leur bilan de cadres moyens dans les PME / Celui qui refuse toujours avant d’accepter / Celle qui estime que tous les écrivains sont suffisants ou mesquins sauf Jean d’Ormesson qui l’a complimentée sur son tailleur bleu nuit à la signature de l’HyperU d’Annecy / Ceux qui vous disent qu’ils prient pour vous / Celui qui rêve de séjourner dans un hôtel donnant sur un abîme / Celle qui s’achète de nouvelles boucles d’oreille en forme de petits kangourous pour le colloque sur la notion d’exterritorialité dans l’œuvre de J.M.G Le Clézio qu’elle doit présider à l’université de Séville / Ceux qui nient leur angoisse à l’approche de la Femme / Celui qui raconte à son coiffeur sa première rencontre avec Ophélie Winter dans un ascenseur du Sheraton de Houston (Texas) / Ceux qui espèrent qu’il y aura une piscine intérieure à l’hôtel de Washington D.C. où ils vont débattre des rapports entre réalité et fiction dans les derniers romans de Philip Roth / Celui qui estime que s’endormir pendant un film de Tarkovski est une expérience unique au niveau de l’absorption non consciente / Celle que la misogynie de Strindberg fait éclater de rire dans sa baignoire en forme de haricot rose / Ceux qui estiment que la baraka ça se mérite et tant pis pour les perdants / Celui qui parle de la métaphysique de l’absence devant un auditoire d’étudiants à moitié vide dont les derniers rangs dorment plus ou moins / Celle qui se demande où va le cinéma belge avant de s’apercevoir que le lit de la chambre d’amis dans lequel Benoît Poelvoorde est censé passer la nuit risque d’être trop court / Ceux qui se réunissent dans la maison de paroisse du quartier des Mésanges pour réfléchir à une phrase de Comte-Sponville sur l’Harmonie au Quotidien / Celui qui ne peut s’empêcher de te sourire au moment même où il a résolu de te trahir / Celle qui regrette ce qu’elle appelle la grande époque de la jupe plissée / Ceux qui reconnaissent dans les vestiaires du club de squash de l’Entreprise que le patron c’est le patron, etc.


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