Magazine Journal intime

Le déversoir de cafard

Publié le 23 septembre 2008 par Cochondingue
Je ne sais pas si c'était l'alcool ou l'ambiance du moment. La semi-obscurité du restaurant offrait un cadre privilégié à l'épanchement. Ou alors ils avaient frelaté le vin, parce que c'était pas possible qu'on se retrouve dans cet état lamentable.
D'abord on a commencé à se laisser gentiment aller en évoquant des souvenirs un peu tristes, puis de plus en plus tristes, puis franchement déprimants.
Tiens, c'est quoi cette petite cicatrice à peine refermée ? Et vas-y que je te l'ouvre, et vas-y que je remue bien le couteau dans la plaie. Et voilà que les tripes se déversent sur la table, au milieu du repas, et que le coeur est à nu, tout fragile et sanguinolent.
Encore un coup de pinard et les larmes au bord des yeux. "Elle est trop triste ton histoire", "La tienne aussi est super triste", "Qu'est-ce que la vie ça craint, quand même !", "Et le bébé chien est vraiment mort ?".

Glauque, glauque, glauque...

On se serait bien serré dans les bras, mais il y avait toute cette tripaille entre nous et c'était assez gênant, somme toute. On était au bord du suicide, sans même avoir évoqué Sarkozy : un exploit !
T'aurais pas de l'arsenic pour abréger mes souffrances ?
Et si on rentrait plutôt ?
Pluto, c'est le chien de Mickey. Moi c'est...
Ouais ouais je sais... On recommande une bouteille de jaja ?

Dans la rue, on se regardait à peine. On faisait comme si on ne se connaissait pas. Comme si on ne s'était jamais parlé de toutes ces choses enfouies dans nos consciences, toutes ces blessures qu'on voulait oublier.
Mais qui êtes-vous monsieur ?
Moi c'est Pluto, le chien de Mickey !
Ouais ouais ouais... Je crois qu'il est vraiment temps d'aller se coucher.


Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossiers Paperblog