Magazine Journal intime

Abbeville

Publié le 24 septembre 2008 par Lephauste

Rien n'interdit de se dire qu'on peut bien espérer ne plus avoir à revenir là où l'on avait rien à faire, à dire, avoir, ni de l'être à sauver. Et pourtant voila, nous y sommes pour la deuxième fois- Abbeville- sur ce que peut-être ici ils nomment avec le fort accent des cht'imi, la grand place, la place de l'hôtel de ville ? Le nord, ici donc le beffroi qui sonne les quart et les demi comme le Westminster dont rêvait mon oncle; Deux que je suis ici, deux quart d'heures face à mon double qui refroidit, sous l'oeil du patron du bar tabac qui me scrute en essayant sans rien demander, si c'est du lard ou du cochon. Sec comme je suis, ni l'un ni l'autre où alors à la façon du cochon de Saint Antoine. quoi qu'on fasse et surtout rien qui puisse déranger dans l'air froid et humide de ce Lundi matin, on est comme une épingle mal plantée dans la carte d'état major d'une armée déroutée par les rideaux de fer baissés sur les secrets de la province vouée au chômage et aux jeux de hasard. En ville sont les usines comme d'immenses maisons closes, définitivement closes sur le boulevard des allongés.

Un dernier tour à Dufour ? Peut-être. Dénoncer sa succession, au tribunal, documents à l'appui. Dénoncer ce sous quoi il a finit par crouler, "ma colonne vertébrale ne me porte plus". Dénoncer, renoncer à lui, à la colonne de feu où pas un os n'avait valeur de tuteur. Faire son deuil, comme ils disent, faire le lit de son deuil et se chanter des berceuses avant que de le laisser sous le drap, froid et cireux. C'est fait, depuis un mois c'est fait, la cendre a eu le temps de sceller le couvercle de l'urne. faire son deuil, pas le sien, le sien l'a fait tourner bourrique. Des histoires perdues de pas assez d'amour,  néïées dans l'alcool et dans la fumée noirte de ses petits cigares. Fumée noirte ? Pas de pape cette fois-ci. Attendons la fumée blanche, avec à la nuque la raideur des saints pétrifiés d'ecchymoses calcaires.

C'est si simple après tout d'écrire qu'il est mort. Je pourrai en remplir des cahiers, des marges aux tables de multiplication; Pas le pape, le pape n'est pas mort ! C'est à moi que tu causes ? Non ! C'est au pape, disait ma mère agacée. tiens ma mère parle au pape ? Demain dans la cour de récré, ils vont tous être fous de jalousie : Moi ma mère elle parle au pape ! ... Et ta soeur ?

Le pape est maure, un autre pape est appelé à régner. Araignée ? quel drôle de nom ! Pourquoi pas libellule ou papillon ? Oui pourquoi pas Ibn al monzami 1er, pape du tout proche Orient et de l'oxydant réunis ? oui pourquoi pas ?

Vous voyez bien encore je tergiverse, tu p'ale d'un fatwa ! Mon sujet bat la campagne, tiens une traverse, un chemin creux comme l'aine qui embaume à l'ombre des cuisses des femmes... Mais non je te dis, c'est tout droit, l'autoroute point barre ! A16. Pourtant mon sujet, je peux dire que je le possède. Autour de moi les papillons tombent à pleine poigne. Tous trop jeunes chenilles, à trop parler des couleurs de leurs ailes, n'ont pas le temps de les repasser avant le vol. Les anges n'y font rien, n'y peuvent rien, ramassent le pollen et s'en fardent les paupières. Mémé Madeleine, 99 ans, too young to die ! Et les autres, et lui, grillé au fanal des glaces qui finisent par entourer le coeur et les poumons d'une ouate de givre. Mais c'est vrai, certains jours à l'agenda, il n'y a que cela d'inscrit. Mourir. Une dernière lettre qui arrive. Un dernier mot.

Un dernier mot peut-être ? Non ça suffit. Ca suffit à la fin !

Alors nous renonçons, nous dénonçons et pas une berceuse ... Ca suffit à la fin ! A16.


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