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Scène torride au Nutella

Publié le 24 septembre 2008 par Impatiencesamoureuses

Scène torride au Nutella

C'est la fin damnée. Toute la classe a été regroupée dans la petite salle video du collège.- C'est dégueulasse ! s'exclament les filles, le cœur au bord des lèvres.
En fin d'année, les profs, souvent, ils ont comme la mauvaise conscience qui les turlupine, alors ils veulent se rattraper d'avoir été trop durs ou trop méchants, trop caractériels ou trop chiants, alors ils invitent toute la classe à voir un film pour se faire bien voir et pour que l'on garde d'eux un souvenir impérissable juste avant de partir pour le lycée. On éteint les lumières et on peut faire claquer les chewing-gums autant qu'on veut sans se faire envoyer dans le bureau du principal. Le film, lui, n'est pas toujours terrible, mais parfois, il y a une petite scène un peu déshabillée qui vient nous ressusciter l'intérêt, et là, soudain, tout le monde devient complètement cinéphile, avec la bouche grande ouverte et pas un bruit qui sort, et même que la prof se sent tellement mal à l'aise avec sa conscience qu'elle en est obligée de sortir de la classe, sans même prendre la peine de se justifier.
Alors, évidemment, à partir du moment où l'on se retrouve tous sans elle face à cette scène de fille à poil sur son mec, qui lui tartine le torse de Nutella pour se faire son petit déj', là, franchement, ça part en sucettes, si je puis dire.
- Whaou ! C'est une vraie chaudasse, celle-là ! lâche Claudius.
- Oh non ! Il y en a plein les draps ! Berrrk !
- Comment elle fait, pour tout avaler ? Elle va se rendre malade !
Virginie, elle s'est réfugiée contre le radiateur avec un mouchoir sur la bouche :
- Hé ! Regardez ! Ninie, elle dégobille ! s'exclame Jacky.
- On peut pas l'arrêter, ce film ? Elle est où, la prof, d'abord ?
Les filles veulent se plaindre de quoi ? C'est un film en anglais ! On ne comprend rien à cet accent à coucher dehors, la bande son est une vraie misère, le magnéto est en train de rendre l'âme en faisant un boucan d'enfer, les sous-titres sont à moitié coupés par l'écran, mais franchement, pour une fois qu'on passe une heure dont on se souviendra toute notre vie, on ne va quand même pas râler, non ?
Marina en a profité pour se rapprocher de moi. Discretos.
Rien ne vaut un bon chahut pour chahuter tranquillement. Sexuellement parlant, je veux dire.
- Le Nutella n'aura plus jamais le même goût pour vous, les filles ! je plaisante.
Marina a sa main sur ma braguette. Je crois que ça l'excite beaucoup, cette scène pleine de chocolat.
- Vous vous rendez compte qu'ils ont dû peut-être refaire la scène plusieurs fois ? fait Agnès, choquée.
Maintenant, Marina, elle veut carrément la baisser, ma braguette.
- Hé ! je chuchote en retenant fermement sa main.
- Laisse-toi faire... me glisse-t-elle à l'oreille.
Devant moi, il y a cet écran plein d'images dégoûtantes de petit-déjeuner érotique, et à côté de moi, il y a une Marina qui s'est métamorphosée en véritable bouilloire sur le feu, et qui entre fatalement en ébullition, au fur et à mesure que les plans se font plus éloquents.
- J'ai envie de te faire une pipe... lâche-t-elle.
Oups.
Je ravale ma salive et j'ai la glotte qui remonte de trois étages d'un coup.
- Tu plaisantes ? je fais.
Plus chaude que la braise, comme une chatte lâchée sur un toit brûlant, elle me susurre au creux de l'oreille qu'il lui reste un pot même pas encore entamé au fond de son placard :
- Allez ! Laisse-moi te faire des choses... supplie-t-elle.
Ah non ! Il ne faut pas exagérer ! On fait quoi, si on nous voit ? Elle perd la tête, ou quoi ?
- C'est vraiment du cinéma, se lamente Gilou. C'est pas possible, des trucs pareils, dans la réalité ! Vous imaginez ?
Gros plan sur le téton de la fille. Maintenant, c'est le mec qui déguste.
Moi, je ravale encore ma glotte.
- Arrête tes conneries, je murmure à ma douce. Attends qu'on soit tranquille, au moins...
- Si tu veux pas que ce soit moi qui te touche, alors conduis-toi en homme... suggère-t-elle en me guidant les doigts vers son entrejambe.
- Arrête, je te dis ! J'ai pas envie !
Je me suis levé, j'ai pris mon sac et j'ai pris la poignée de la porte dans la main.
- Ouh ! Charlie chochotte ! Il va gerber dans les toilettes ! a hurlé Jacky.
- Ah ah ah ! Le délégué va dégueuler ! s'est esclaffé Stéphane.
Marina m'adresse un regard profondément blessé :
- Il y a un problème ? me demande la prof d'anglais qui revient.
Mince. Je ne m'attendais pas à ça.
- Heu... C'est chaud, là-dedans ! Je vous laisse juger par vous-même, mais là, il faut que je prenne un peu l'air, madame, vous ne m'en voulez pas ?
Les profs, ils sont sur une autre planète. Ils ont beau avoir des ados plein d'estrogène et de testostérone et dans la classe, il faut toujours qu'ils aient cette impression incongrue de continuer à garder un poulailler constitué de coqs en pâte et de poules stérilisées !
- Il y en a qui ont attrapé le diable au corps, avec votre film tendancieux ! je lance à qui voudra bien l'entendre.
La prof, elle est devenue toute rouge.
Aussi rouge que Marina est devenue toute blanche.

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