Magazine Journal intime

Forum de Libé : débats avortés

Publié le 20 septembre 2008 par Alainlecomte

Ce samedi, moins de consensus (heureusement). Le matin, un débat entre Nicolas Schmit (ministre des affaires européennes du Luxembourg) et Laurent Fabius, qui tourne au meeting fabiusien. Autant j’avais trouvé l’an dernier Fabius un personnage plutôt sympathique et en tout cas serein face à Finkielkraut, autant aujourd’hui, je le trouve manipulateur et insincère. Le thème du débat : « comment intéresser les peuples à l’Europe ? ». Pour Fabius : comment faire oublier que j’ai fait voter « non » à un traité européen, en me montrant démagogiquement plus européen que les pro-européens… Son interlocuteur (ainsi que le modérateur Jean Quatremer, envoyé de Libé à Bruxelles) a beau jeu de le mettre face à ses contradictions (le traité constitutionnel aurait permis, s’il avait été appliqué, justement de répondre à bon nombre des vœux de Fabius). Mais rien n’arrête une locomotive emballée. Le lyrisme de Fabius emporte la salle et quand vient la séance de questions… il est déjà parti prendre son train.

Troisième débat, qui nous intéressait particulièrement, C. et moi : « le modèle chinois ? ». Bon, là nous avons craqué. D’abord C. est partie. Ensuite quand j’ai entendu un certain André Chieng, polytechnicien et commerçant, comparer la Chine et l’Inde en disant que, certes l’Inde était « démocratique » mais regardez ce qui se passe : quand l’Inde veut construire une autoroute, elle n’y arrive pas, car il faut, n’est-ce pas, prendre en compte l’avis des gurus qui surgissent à chaque carrefour, devant une telle mauvaise foi et un tel mépris de l’autre, j’ai du me lever et lancer à la cantonade : « assez de conneries ! » (un jeune journaliste de Libé m’a rattrapé pour me demander de m’expliquer).

Enfin quatrième débat (salle pleine à craquer) : entre Fadéla Amara et Aminata Traoré sur « Immigration et intégration sont-ils compatibles ? ». Dur pour la secrétaire d’état d’endiguer le flot de colère si bien exprimé par l’ex-ministre du Mali ! Celle-ci connaît son sujet, elle sait mettre l’accent sur la recherche des causes de la volonté de migration des jeunes Africains. Face à elle, Fadéla Amara défend la directive européenne sur l’émigration qu’Aminata Traoré dénonce comme liberticide. La logorrhée inconsistante de Fadéla Amara finit par lasser le public, qui trépigne, ce qu’elle prend pour une volonté de l’empêcher de parler et lui donne l’occasion de jouer au martyr. Bref, tout cela se termine dans la confusion (quand même extraordinaire d’entendre Fadela Amara, se présentant comme « ministre de gauche », se réfugier derrière l’écran du 11 septembre – légitimant la peur du « fascisme vert » (sic) – pour ne pas répondre aux questions redoutables de sa contradictrice sur la responsabilité de l’ancien colonisateur vis-à-vis des ressortissants des pays africains).


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