Magazine Journal intime

Mircran

Publié le 15 octobre 2008 par Thywanek
C’est vrai que c’est un peu le foutoir. Je tiens à jour, ou à nuit, une liste des mots en attente de définitionnement. Définitionnement y figure depuis le début et n’a toujours pas été définitionné. D’autres vocables inédits patientent dans les colonnes de cette liste. Certains y sont quasiment en souffrance. Pourtant, comme un vulgaire gouvernement de droite sarkosiste, capable de prétendre qu’il est près à claquer des centaines de milliards d’euros pour sauver la racaille bancaire du gouffre de la faillite des actionnaires alors que de ces centaines de milliards il n’existe nulle part le premier sou et que le déficit du pays ainsi que la dette de l’Etat se mesure en nombre d’abysses telles que cette même sarkozie n’a de cesse que de demander de se serrer la ceinture à des gens qui parfois n’en ont même plus, pourtant donc, je vais passer outre la liste d’attente et vais donc m’engager dans le définitionnement d’un mot que je n’ai pas encore mis dans cette liste, on croit rêver, et que, si vous avez fait un peu attention, vous avez rencontrer dans une récente chronique qui s’appelle « Morte beauté ». Na !
Il s’agit du mot mircran.
Allez hop, on y va !
Mircran : n.m. de mir, première moitié du miroir, ce qui fait qu’amputer de sa seconde moitié il n’est plus possible de passer au travers ; à ne pas confondre avec une quelconque marque de liquide nettoyant pour la vaisselle ni avec une station orbitale dont la chute coordonnées avec la fin du monde et l’éclipse de soleil de 1999 fit les beaux jours d’un célèbre quincaillier de la haute couture saisi de visions d’apocalypse sûrement macérées dans des tisanes de lsd. Comme quoi il n’y a pas qu’au rabanne qu’on se trompe. Et de cran, seconde syllabe du mot écran, surfaces vitreuses sur la plus grande part desquelles sont à l’infini tendues les loques rutilantes de produits idiot-visuels dans un permanents concours plus ou moins tacite de racolage actif destiné à organiser des situation de dépendance chez les populations infantilisées des sociétés civilisées, ou en voie de le devenir. Le mot civilisé étant à prendre à un degré où il n’a bien sur plus grand chose à voir avec la civilisation. Comme nous allons tenté de l’évoquer dans ce qui suit.
Le mircran est donc un miroir qui fait écran afin d’obliger celle ou celui qui le regarde à ne se reconnaître que dans ce qu’on lui montre. Et quand je dis montre, il faut savoir qu’effectivement cela a désormais lieu à toute heure. Jusqu’à une époque pas si ancienne que ça, faut pas exagérer, disons jusqu’au début du premier mandat de feu l’ami présidentiel de l’ancien collaborateur Bousquet, les rues, les stations de métro, les gares, les bureaux de poste, les cafés, se concentraient sur leur activités et n’ambitionnaient pas de se transformer en diffuseurs d’images formatées pour abrutir qui que ce soit. En ces temps là, la citoyenne ou le citoyen lambda disposait d’un poste de télévision à son logis, et de si peu de chaînes de diffusion que les productions rivalisaient encore, quoique plus avec le même zèle que dans les années pionnières, pour proposer à l’attention du contribuable moyen des programmes pas entièrement conçus pour le rendre débile. Mais l’âge dort sans cesse, et du coup on a pas vu venir la génération TF1…
Et, de plus en plus, partout partout, dans une grande frénésie clinquante d’agitation publicitaire, une obsession mercantile de promotion d’imageries gluantes, grossières et tapageuses, un véritable dictat de stroboscopie hystérique, on sent autour de soi se développer les nuées de ces surfaces vitreuses dont le vice suprême et de moucheter notre environnement de leur attractivité luminescente, obligeant à se battre pour y échapper, où à y soumettre sa passivité.
A propos de cette chaîne de télé dont je vais tout de même pas offenser cet article en en écrivant une seconde fois le sigle nauséabond, figurez-vous que j’étais tout récemment stationnant chez des amis, pour des raisons dont le détail est aussi palpitant qu’un épisode de la série sur-glucosée « les fions de l’amour », (ou les feux, je ne sais plus…), et que dans un moment d’égarement au cours duquel je me livrais à un tour d’horizon du paf disponible, je me suis retrouvé sur le programme de ce canal.
Le programme de ce soir-là, c’était cette dégoulinante production de musique et de mot directement écrit avec l’orifice anal, supposée étalonner des savoir-faire de niaiseux hébétés au niveau des réussites de pacotille de professionnels confirmés de la médiocrité chansonesque. Le tout présenté par un animerdeur dont l’élégance sur-maquillée n’a rien à envier à la tronche de silicone d’un figurant de spot pour lessive ou bagnole. Oui je sais, je demeure très insuffisant quant à rendre compte de ce que c’est que cette répugnante vitrine de pauvreté neuronale : mais je m’entraîne … Or donc, et gardant serrée dans ma mimine la zapette salvatrice, en cas d’étouffement, je me suis maintenu en apnée durant quelques instants devant cette bouche d’égout. Puis j’ai zappé. Quand même tenu presque trois minutes.
Question : comment peut-on avoir si peu de considération envers soi pour se complaire des heures durant devant de pareils immondices ? Et avoir, plus ou moins consciemment le sentiment d’y voir quelque chose de soi, ou qu’on puisse vouloir, qu’on puisse désirer être soi ?
C’est sur ce modèle que sont élaborés les mircrans. Je veux dire ceux qu’on ni le choix d’allumer, ni celui d’éteindre. Ceux dont les clignements ininterrompus, bardés de coloris criards nous guettent au dessus des banquettes des lounge-bars, au détour des couloir de métro, sentinelles de consumérisme compulsif dans les allées des galeries marchandes, dés que la possibilité de capter le passant dans ces spirales du vide a été calculée comme possible et peut-être rentable.Il m’en est venu l’idée de réécrire l’air célèbre de Marguerite dans le Faust version Gounod : « Ah je vis de me voir si morte en ce mircran ! Ah je vis de me voir si morte en mircran ! Est-ce toi ? Marguerite ! Est-ce toi ? Est-ce toi ?... Non, non, ce n’est plus toi, non, non, ce n’est plus ton image… C’est le plus vil de toi qu’on exploite au passage ! »

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