Magazine Humeur

Vicky, Cristina et Grelucha

Publié le 09 octobre 2008 par Vinsh
Lecteur, puisque tu es ici, nul doute que ton intellect est en berne depuis le CM2, minimum. Sinon, tu serais plutôt en train de lire le Financial Times, Actes de la Recherche en Sciences Sociales ou à la rigueur Courrier International pour t’offrir une récréation de cervelle. Mais tel n’est pas le cas, à l’évidence, et ici, c’est pas la récréation, c’est carrément la déchéance. T’as qu’à voir le niveau du billet ces derniers temps : de la carac, du porno (pas très) chic, des Dieux du Stade... Alors aujourd’hui, élevons le niveau, parlons peu, parlons bien, mangeons bio, parlons ciné intello (et glissons en douce des mots comme nichon ou fesse à l’attention de l’internaute pervers égaré). Je vais pas me fader tous les psychopathes de mon immeuble juste pour mettre de l’animation ici, non plus ! Donc je vous remets une couche de cinoche, pour revenir à de basses considérations consommatrices.

On se serait cru à une des premières séances de Sex and the City – Le Film : elles étaient toutes là, traînant généralement derrière elles trois copines ou un mec un peu blasé de se farcir un film de filles en semaine. Bah ouais, mec, mais tu connais le contrat signé par l’homme moderne pour s’épanouir dans son couple avec Grelucha : pour pouvoir sexer, des concessions il fera. Et des films de Woody Allen, donc, il se coltinera. L’assemblée était, tu l’auras compris lecteur, composée en grandes parties de gourdasses venues mettre à l’épreuve les capacités hydrophiles de leurs culottes en coton devant la pochade pseudo-érotique et pseudo-subversive Vicky Cristina Barcelona. Enfin, qu’elles croyaient.
Parce que, bon, toi lecteur pervers qui débarque ici en me demandant de la présentatrice TV nue ou vêtue de cuir latex, je te connais bien : toi aussi tu as été titillé par la bande-annonce qui, depuis des semaines, te laisse espérer une glauque histoire de triolisme crypto-lesbien entre Penelope Cruz, Scarlett Johansson et Javier Bardem. Avec un peu de bol, tu apercevrais même un nichon ou une paire de fesses.
Ouais, bah oublie. Au meilleur du potentiel érotique du film, on voit du décolleté pigeonnant et on aperçoit le mollet de Javier Bardem dans le reflet de la porte du four de la cuisine. Hot. Pourtant, la force de Woody Allen, c’est de réussir à livrer un film particulièrement émoustillant sans nous livrer des images de cul à tout va. Bon, tu me diras, il est en cela bien aidé par le scénario (qu’il a écrit lui-même), par son casting, par l’ambiance de Barcelone (aaah...), par la costumière qui a mis à tout le monde des sapes qu’on a envie de leur arracher, par les lumières qui illuminent chacun d’une indescriptible grâce… Bref, c’est un film assez lumineux. Et léger. Mais bizarrement pessimiste à mon sens. Enfin moi, j’ai un peu cogité en sortant de là. Remarque, ce n’est guère nouveau de voir Woody Allen dénoncer les petits travers de la nature humaine. C’est d’ailleurs le lot de la plupart des cinéastes, non ? Explorer la nature humaine à travers des fables plus ou moins réalistes mettant en scène les vies privées d’individus (qui, en définitive, ne nous regardent pas – il faut être un peu voyeur pour aimer le cinéma).
Donc, si je résume l’intrigue, qui de toute façon est une sorte de non-histoire sans vraie fin (frustrante, donc), deux touristes américaines passent deux mois à Barcelone, rencontrent un peintre vaguement libertin au passé amoureux sulfureux, et vont voir leurs certitudes bourgeoises bousculées. Tout en prenant soin au passage de confirmer la réputation que l’Europe a bizarrement aux Etats-Unis depuis des siècles : en Europe, on n’est pas prudes, et on baise tout le temps. Je ne comprends pas d’où vient cette idée reçue que les européens sont des gueudins du cul, mais cette légende ne va pas disparaître pour les quinze spectateurs américains qui iront voir le film de Woody Allen.
Bon, sinon, l’affiche, qui tente de nous faire croire que seuls les trois acteurs célèbres du casting ont un rôle important, est mensongère dans l’esprit. Rebecca Hall, notamment, dans l’un des deux rôles titres (Vicky la prude) joue vraiment très bien la bourgeasse qui intellectualise la moindre de ses émotions pour s’empêcher de dévier vers des sentiments mal maîtrisés. Le rôle est un chouïa caricatural, mais elle le défend très bien. Et surtout, elle est probablement le personnage qui ressemble le plus aux dindes qui remplissaient la salle. Javier Bardem est un personnage très étrangement équilibré au milieu de toutes les donzelles. Et il est beau. Mais bon, ça non plus c’est pas nouveau. Quant à Scarlett Johansson… est-il encore besoin de vous la vendre ?
Voila : rien de nouveau sous le soleil de Woody, mais un film léger et doux comme une amourette d’été. Qui, personnellement, m’a un peu frappé par le tranquille fatalisme sur lequel il s’achève…

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