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Malheurs de la technique

Publié le 21 octobre 2008 par Cameron

Diantre, la note que j'ai écrite hier soir a disparu apparemment corps et biens dans les entrailles de Hautetfort. En attendant de la retrouver (ou de la réécrire, ce qui me réjouit peu), je recycle mes fonds de tiroir, sans avoir le temps d'autre chose et avec toutes mes excuses. Voici donc un texte d'ailleurs, déjà ancien, et juste amusant.

Ce matin, pour la première fois depuis longtemps, la pluie ne m’a pas blessée. Ni le tonnerre, si lointain qu’on eut dit la lamentation de quelque dieu oublié des hommes, ni la vague lueur persistante du soleil, au-delà des nuages. Ni mon propre souffle trop court.
Ce matin, pour la première fois depuis longtemps, ton ombre m’a saluée d’un coup de chapeau.

Je l’avais esquissée de mémoire, ton ombre, reflet du souvenir sur le mur de nos deux vies. Et ce matin, pour la première fois depuis longtemps, elle m’a souri. Et l’espace d’un instant, tu as été là, de chair et de sang emplissant ton ombre, de chair et de sang me regardant. Comme autrefois.
Mais je n’avais pas de chapeau à retirer, moi, pas même en imagination. Je suis simplement passée devant toi, les yeux clos sur le souvenir, et il m’aurait suffi je pense de tendre l’oreille pour réveiller ton rire, et il m’aurait suffi j’en suis sûre de retenir mon souffle pour te rendre le tien. Je suis simplement passée devant toi.

Peut-être qu’après mon départ, ton ombre a remis son chapeau. Peut-être qu’en réalité, elle continue à saluer tous ceux qui la frôlent. Je n’ai pas eu envie de me retourner pour vérifier ce matin. Car j’emportais avec moi l’écho de ton rire, et c’était la première fois depuis bien longtemps.


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