Magazine Journal intime

Mon mirador

Publié le 23 octobre 2008 par Lamisse08

source - image : chatlibre.blog.lemonde.fr

Au début il y avait le néant. Une douce sensation de vide persistant bien longtemps après la douleur qui l’a vu naître. Le petit homme n’était qu’une masse de chair et de sang, une masse mobile et bruyante tout au mieux.

« Mais après tout, que peut-il y avoir de beau dans un corps humain ? »

Les émotions qu’il provoque. L’éveil des sens, ce fourniment d’impulsions, tous ces échos qui confluent, s’étalent comme une pâte sous le passage d’un cylindre invisible puis s’étendent de chaque côté. L’homme n’est pas une anatomie. Au départ il y avait un fluide. La belle matière en prenant de l’expansion s’affina. La noble pétrisseuse, obsédée par le travail bien fait a mis toute son énergie à l’obtention de l’épaisseur infinitésimale.   À mesure qu’elle s’élargit, la belle matière est déportée dans un monde à deux dimensions, sans hauteur. Un monde plateforme. Un pouce et un index translucides viendront élever la couche quasi imperceptible de cette substance encore animée, et la maintiendront verticale jusqu’à ce que le mouvement cesse.

La voix fluette criera alors : le voile est prêt. Le voile de ton âme, dont les pores dilatés t’ouvriront au monde. Mais prends garde à tes pas, ils s’égarent déjà au-delà de la muraille.

Le petit homme est devenu grand, et ses bafouillages laissèrent place à des interrogations ontologiques.

Plus rien ne me console de moi, je suis une âme détenue dans un rêve, une âme impudique. Je me suis défait de mon voile pour mieux observer les étoiles et la nuit. Depuis, je ploie sous le poids des rayons solaires constellés en ombrelle au dessus de ma tête d’humain valeureux.

Pourquoi ai-je quitté mon joli mirador ? Pourquoi ai-je renoncé au blindage céleste qui me rendait immortel ? Parce qu’entre le ciel et la terre il n’y a qu’une corde. Les anges et les hommes sont des funambules cachés derrière les dossards de leur équipe. Et moi, secoué par Zéphyr, charmé par les arbres, les fleurs et le cri des papillons, je suis tombé de ma corde, à terre.

J’ai atterri dans une  excavation, me suis cassé les os. Je suis ange déchu, redevenu l’enfant aux genoux écorchés. Désireux de trouver dans ce monde multicolore, trop vaste pour lui, une gentille équilibriste qui saura recoudre les cicatrices, cicatrices dont moi seul connaît l’emplacement. J’ai de vieux souvenirs qui viennent trainer leurs breloques jusque dans le lit de mes nuits solitaires. Mais j’espère en silence ma déesse.

"La Libératrice”,
"Celle qui sauve",
"Celle qui aide à traverser la rivière du temps et de l'espace",

Celle qui saura me protéger, et m’escorter  jusque là haut dans un bain de lumière et d’amour.


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