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Le Roi se meurt - Deuxième (et courte) partie

Publié le 30 août 2008 par Danielrondeau
Toujours agréable, Alexandre. Simple sans être simpliste, complexe sans être compliqué. Je l'admirais parfois. Grand, début trentaine, pas l'ombre d'un ventre, les cheveux savamment négligés. La majorité des femmes lui accordaient une grande beauté et beaucoup de charme. Il semblait pouvoir toutes les séduire. Pourtant, il aimait sa copine comme s'il l'avait rencontrée la semaine précédente, et pas un décolleté, pas un regard d'alcool, de désir ou de trois heures du matin n'avait réussi à l'en détourner. Il était de cette race fidèle. Pas fidèle comme un chien qui s'attache au moindre pygmée qui le flatte ou le nourrit, mais fidèle comme un laid. Ces laids qui ne croient pas qu'on puisse les aimer. Ces laids qui lorsqu'ils aiment, le font doucement, par en dessous, sans le dire de peur que le son de leur voix effraie le papillon posé sur leur main. Ces laids qui, lorsqu'ils apprennent la réciprocité de cet amour, n'en reviennent pas et ne cessent de se pincer jour après jour, les mêmes étoiles dans les yeux. Alexandre était un de ces laids. Sauf qu'il était beau.
Je n'appartenais pas au même monde. J'avais les phéromones paresseuses et je n'étais fidèle qu'à mon passé. De l'amour, je ne connaissais que de rares et éphémères papillons. Le lendemain de mes rencontres, en me glissant sous les draps, je respirais, indifférent, la réminiscence de la femme de la veille. J'incinérais sans chagrin chacun de ces petits deuils avec Alexandre. On bénissait ces âmes au Macallan, avec pour seul encens les effluves caramélisés de nos verres. Scotch, Botox sentimental.

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