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Chapitre 17 : Flying Dream

Publié le 28 octobre 2008 par Willb77

Chapitre 17 : Flying Dream

Aeroport de Lyon Saint Exupery 6H25

Je tendis mon billet First ainsi que ma carte d’identité à l’hôtesse souriante qui s’en saisit avec une grâce toute commerciale.

Elle scanna  et un bip accompagna l’affichage de mes nom et prénom. J’admirai la patience de ces femmes face à cette monotonie quotidienne. Sourire, mot de bienvenue en anglais et français, lecture, vérification et…

« Voilà Mr Baxter, la compagnie FlyAirDream vous souhaite un merveilleux voyage et vous remercie de votre fidélité. »

Toujours ce désir de démonstration d’une entreprise humaine et soucieuse du bien-être de ses clients. Du véritable marketing de service cousu main. On n’attache que peu d’importance aux efforts déployés pour contenter l’individu en possession d’une carte de fidélité. Celle-ci est le sésame d’un univers dont vous êtes le noyau. Des centaines de personnes Marketers, enquêteurs, psychologues, testeurs, mathématiciens, financiers ont pensé et réalisé des idées pour que l’accueil soit parfait et pour que vous gardiez le souvenir ému d’avoir été pour quelques minutes ou quelques heures le maitre d’une cohorte de valets entièrement dévoués et à l’écoute de vos moindres désirs. Un souverain comblé. Le coût parait dérisoire pour une telle sensation. D’ailleurs, quels sont les autres avantages prodigués par la carte fidélité du niveau supérieur ?

Les costumes de la compagnie étaient sur des teintes vertes avec jupes serrées autant que courtes et chemisiers dentelés. Un foulard cachait des cous délicats. Les cheveux étaient remontés en chignon élégant. Le maquillage était discret mais efficace. Une sobriété de bon aloi puisque la star, le roi c’était nous et non eux. Il ne fallait froisser aucun égo.

Le seul signe d’appartenance était des boucles d’oreilles estampillées du sigle de la société. Un nuage en forme d’avion sur fond de soleil couchant.

Je récupérai mes papiers et m’engouffrai dans le tunnel menant à l’habitacle. Je fus de nouveau accueilli et guidé par une armada de créatures de l’air vers mon siège, le 14B. Vaste fumisterie. Dans les avions, le 14 est en fait le 13 pour des raisons de superstition. Le nombre 13 pour beaucoup représente la chance ou la malchance. Les ingénieurs aéronautiques ont donc banni cette numérotation. Ceci afin d’éviter que le malin, dans son incommensurable noirceur, ne pousse d’une chiquenaude ou d’un court circuit astucieux l’oiseau de fer vers le sol plutôt dur dans une vrille fatale. 

Ainsi, le 13eme croissant n’est jamais distribué et il est interdit de tourner 13 fois sa langue dans sa bouche ni dans celle de quiconque d’ailleurs. L’histoire ne dit pas si la 13eme marche de l’escalier d’évacuation est elle-aussi manquante…

Je me débarrassai de ma veste de costume pour la suspendre à un crochet prévu à cet effet.

Je m’installai et déposai ma sacoche sous mes jambes. Une vilaine migraine commençait à pointer son museau chafouin.  

A l’extérieur, la piste était plongée dans une semi-pénombre troublée par les clignotements intempestifs des spots de sécurité. Des véhicules de transport et de maintenance traversaient  les taches de lumière diffuses.

Virginie n’étais pas encore arrivée. Cela me laissa donc le temps de consulter les mails sur mon portable.

« hum,… Excuse me. »

Une jeune femme  violette se tenait dans l’allée, juste en face de moi. Violette, elle l’était de haut en bas. Chaussures, collants et vêtements étaient so purple. The love symbol autrefois appelé Prince avait dû croiser un tel spécimen avant de composer sa mythique purple rain.   
Elle me montra son billet  électronique et désigna le siège à côté du mien. Je consultai son document qui indiquait le siège dans mon dos. Je souris et lui expliquer avec tact qu’elle commettait une erreur. Elle rougit et se confondit en excuses souriante creusant 2 petites fossettes dans ses joues halées.
Elle s’effaça avec une touchante maladresse pour laisser place à la silhouette déterminée de Virginie.

« une connaissance ? ». Elle m’interrogeait dans un clignement d’œil malicieux.

« Bonjour Virginie. Non, une étrangère troublée par mon charme… tu es d’attaque ?
- plus que jamais. Il me tarde de découvrir la beauté et le raffinement de l’Italie. »

Je me levai pour la laisser prendre place du côté du hublot. Je pris une longue inspiration qui capta les effluves d’un parfum capiteux. J’adore les parfums et les messages qu’ils peuvent transmettre. Virginie confirmait son dynamisme et sa fraicheur par ce choix à la fois fruité et sucré.

Après quelques minutes, toutes les places furent occupées. Comme un spectacle réglé aux petits oignons, une femme en uniforme impeccable et aux insignes étincelantes planta ses talons dans la moquette sombre de l’allée centrale. Ce geste martial détonnait peu tant l’allure de la fille inspirait la symétrie et la rigueur.

Sa voix cinglante et nasillarde attira l’attention de 40 paires d’yeux inquiets. Écoutez-moi ou il vous en coutera, faites-moi confiance.

« Bonjour, mon nom est Betty Beaumont, je serai votre chef de cabine pour ce vol à destination de Milan. Sophie Griand et Raoul Loman m’assisteront pour rendre ce voyage le plus agréable possible. Les consignes de sécurité vont vous être explicitées.

Ah oui j’oubliais…

Je vous rappelle que ce vol est non-fumeur et que fumer dans les toilettes constitue un délit passible de poursuites. 
Attachez vos ceintures. » Un dernier grincement de dents en guise de point final et la matrone regagna son antre.

Canon de déglutitions et concert de claquement de ceintures. Une balade aérienne qui se transforme en stage paramilitaires avec largage au dessus de la jungle inhospitalière. Voilà ce qui nous attendait avec cette Betty B.. Les femmes de caractère me font craquer. Définitivement.

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