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Julia frissonna

Publié le 29 octobre 2008 par Unepageparjour

Début du Rosier de Julia

Julia frissonna. Elle sentit, avant même de se retourner, que cette main était celle d’un ami. Une main puissante mais douce, large mais protectrice. Elle se retourna.

Sous la pluie battante, les éclairs d’argent trouaient les masses sombres de la nuit, et la douceur bleue du regard traversa son âme.

Je m’appelle Thoby, disait-il. Enfin, mon vrai nom est Thibault, mais je préfère Thoby. Alors, tout le monde m’appelle Thoby.

Julia, dit Julia.

Si j’avais un parapluie, continuait Thoby, je t’abriterai. Mais je n’en ai pas. J’aime la pluie. J’aime me promener, tête nue, en chantant à tu tête, la nuit, quand l’eau descend du ciel. Ces derniers temps, je n’ai pas eu souvent cette joie, avec cette canicule... Je t’ai vu, de loin, comme une lumière qui me guidait, qui m’appelait, comme si tu avais voulu me dire quelque chose, que j’entendais sans entendre. C’est mon cœur, je crois, que tu as touché.

Ou ton âme, poursuivait Julia. Ce feu me brûlait. Je suis sortie pour l’éteindre, et revivre. J’allais rentrer chez moi, ragaillardie, sauvée, ivre de pluie. Mais j’ai un peu froid, maintenant.

Thoby l’enlaça de ses bras. Julia le laissa faire, c’était la première fois que son rosier ne lui faisait pas craindre une étreinte, si chaste soit elle. Elle laissa tomber sa tête mouillée sur l’épaule du jeune homme.

Ils marchèrent longtemps. La pluie s’était tue, pour écouter leurs pas murmurer sur l’asphalte humide. Ils ne se parlaient pas, laissant leur respiration se répondre dans la douceur du matin à naître. La fin de nuit avait séché leurs vêtements et leur chevelure. Les premiers regards de l’aube les surprirent le long du fleuve, alors qu’ils s’étaient endormis, l’un contre l’autre, éreintés, heureux.


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