Magazine Journal intime

Le Clézio ou Tartempion ?

Publié le 04 novembre 2008 par Ohlebeaujour

Tout le monde sait qui est Jean-Marie Le Clézio, qu'il vient d'obtenir le prix Nobel de Littérature. Plutôt que de vous parler des lectures qui m'ont marqué, je vais évoquer deux anecdotes sur l'homme. D'aucuns me diront : on s'en fiche de l'homme, ce qui compte c'est l'auteur. Certes.
Voici quelques années de cela, j'assistais à la première d'une pièce adaptée de Pawana. A l'issue de la représentation, les spectateurs privilégiés traînaillaient dans le dédale de l'Espace Cardin, trinquant avec Machin, papotant avec Bidule en gardant un oeil avide sur Truc, la vedette de télévision, ou sursautant quand les flashes crépitaient pour Chose, l'égérie de Tartempion.
Le coeur et l'esprit plus chamboulés par les mots de Le Clézio que par le champagne servi à flots, je me fraie un chemin pour saluer ce grand monsieur (par la taille et le talent). Simplement lui serrer la main. Lui broyer la dextre, comme dit parfois Obaldia.
Dans les salons de l'Espace Cardin, c'est à qui pourra s'incruster au dîner royal, s'asseoir à la table de Pierre Cardin ou de Tartempion. Pour m'amuser, j'irai d'ailleurs faire tinter ma flûte avec celle de Truc.
A la surprise générale, Jean-Marie Le Clézio accepte un verre de jus de fruits et décline l'invitation à dîner. Il part sur la pointe des pieds. Les mondanités, ça n'est pas pour lui.
Deuxième anecdote :
Un jour, mon amie Hélène me raconte... c'était chez Mollat, la librairie bordelaise. Jean-Marie Le Clézio y signait un de ses ouvrages. Il y avait foule. A l'issue de la rencontre, beaucoup de lecteurs et de journalistes souhaitent approcher l'écrivain. Mais il est occupé à bavarder avec une enfant. Autour de Le Clézio et de cette enfant, plus rien n'existe. Ils sont en grande conversation. Perplexe, un journaliste les prend en photo. Hélène roule des yeux comme des soucoupes. Cette enfant, c'est sa fille Anna. La suite de l'histoire : une correspondance au long cours entre l'enfant devenue jeune femme et l'auteur. Anna couve secrètement son courrier et ne s'en est jamais ouverte à personne. Seule sa mère, fière comme une papesse, narre l'anecdote à un ami de-ci, de-là.

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LES COMMENTAIRES (1)

Par Ryadi
posté le 04 novembre à 11:59
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Badia Hadj Nasser ou le parcours d'une femme en quête de son histoire

Badia Hadj Nasser est de ces êtres qui cueillent sans faillir, senteurs, couleurs, sourires. Sempiternelle équilibriste sur un fil reliant Tanger à Paris. Badia porte en elle l'ocre, le bleu et le blanc de Tanger. En elles chantent toutes les musiques des navires passant le détroit de Gibraltar. Paris et Tanger demeurent ses deux lieux de rendez-vous privilégiés. Badia Hadj Nasser est une écrivaine francophone d'origine marocaine dont l'œuvre est lue et étudiée dans le monde entier. Psychanalyste freudienne, mais avant tout femme en quête de compréhension de sa propre histoire, ses livres sont autant de journaux intimes qui jalonnent son parcours vers une liberté fondamentale. Clinicienne, elle a participé à des travaux de recherche sur « les Mille et une nuits » (une analyse freudienne de la princesse Shéhérazade) publiés dans « Corps écrits ». D'autres études majeures lui sont dues : « L'Arabie heureuse » (PUF 1989), « La fascination de la virginité et sa résonance dans le corps des femmes immigrées » (Espace-temps et traces de l'exil, Grenoble, la pensée Sauvage 1991). Romancière, elle publie, en 1985, aux éditions Arcantères « Le voile mis à nu », un roman audacieux et contestataire dont l'héroïne, Yasmina, vogue dans la société occidentale avec une absence de repères. Aujourd'hui, Badia est inscrite au programme des « french studies » de l'université de Montclair aux USA. À Séville, en Afrique du Sud ou en Nouvelle-Zélande, elle fait partie des auteurs francophones incontournables. À quoi est dû ce succès ? Badia s'en explique avec ce ton propre aux femmes pudiques, mais obstinées : « Mon succès vient de la rareté de mes récits je n'écris que sur ce que je connais vraiment ! ». Passionnée de littérature française, elle compare la quête de Yasmina à celle d'Emma Bovary, « toutes deux femmes victimes de l'amour » écrit-elle avec de la tendresse en ponctuation. Elle vient d'achever son dernier roman « Les Hédonistes « Cette femme à la beauté sereine, dont la voix murmure comme l'eau, se dit d'une seule terre : la francophonie. Et l'on comprend que le véritable ancrage de Badia Hadj Nasser, au-delà de Tanger, de Paris ou d'ailleurs, c'est dans une langue qu'elle l'a trouvé. Dominique Braley. La République du Centre

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