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Les jeunes patrons dubitatifs face aux mesures de Sarko-Zorro

Publié le 10 novembre 2008 par Etxe

Le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) est un mouvement qui rassemble jeunes patrons et jeunes cadres dirigeants dont le principe est « mettre l’entreprise au service de l’homme ». Mus pour la plupart par une philosophie humaniste, les membres du CJD se réunissent à la fois pour se faire progresser mutuellement dans leurs pratiques managériales et pour réfléchir aux grands enjeux microéconomiques (à l’échelle de l’entreprise).

Sans être nécessairement de gauche, ces jeunes dirigeants portent souvent un regard décalé et pragmatique sur les politiques économiques gouvernementales. Même s’ils sont nombreux à finir au Medef (l’actuel président du Medef Midi-Pyrénées est par exemple un ancien président du CJD Toulouse)…

Sarko-Zorro ayant annoncé son plan de lutte contre la crise bancaire et économique, le Président national du CJD, Gontran Lejeune, s’est fendu d’un communiqué qui en dit long sur le décalage entre les effets de manche de notre Omniprésident et la réalité des patrons de PME « de terrain ».

Après un préambule tiédasse « les mesures annoncées par le Président de la République sont dans l’ensemble positives mais doivent être accueillies avec prudence et établies dans les faits », il entame une longue exégèse du plan Sarko.

Un fonds public pour soutenir les entreprises stratégiques ? Pourquoi pas, mais le CJD « s’interroge cependant sur le sens donné concrètement à la formule « entreprises stratégiques ». A l’image de son rapport sur les aides publiques publiés au printemps 2007, le CJD a longtemps déploré le mauvais ciblage des aides pour les entreprises alors que trop souvent, les PME n’ont été qu’une priorité en trompe-l’œil et que seuls les grands groupes possèdent les moyens et la visibilité pour capter les aides aux entreprises.

Exonération de la taxe professionnelle sur les nouveaux investissements jusqu’au 1er janvier 2010 ? Le CJD dit « oui » mais s’inquiète sur « le financement des collectivités locales à terme quand se feront sentir les effets de cette mesure (sur le budget 2011) », surtout dans le contexte de la réforme des collectivités territoriales (les conclusions de la commission Balladur ne seront connues qu’en 2009) et sur l’impact budgétaire : «  le CJD craint que cette démarche ne revienne à une hypothèque sur l’avenir alors que le budget 2009 est déjà fondé sur un déficit accru et que cette mesure ne reste qu’un ajustement aux marges sans être véritablement opérationnelle. » Et le CJD de s’inquiéter aussi du ciblage de cette mesure : il « regrette que cette mesure soit trop limitée et ne concerne véritablement que le secteur industriel sans alléger, pour le secteur des services pourtant très créateur d’emplois, le poids de leur taxe professionnelle ».

Les critiques du patronat junior se font plus acerbes sur la création du Médiateur du crédit, accueilli avec « perplexité » (dixit) : « Cette démarche ne doit pas rester tiède et doit tout mettre en œuvre pour éviter le double langage que tiennent les banques aujourd’hui. Malgré les mesures prises par le Gouvernement afin d’éviter l’assèchement du crédit, les banquiers se refusent à conclure les dossiers en attente et ne signent aucune autorisation de crédit. Il ne s’agit plus pour l’heure de faire de la médiation, alors que nombre d’entreprises sont au bord du gouffre et que tout pas en avant les ferait chuter. Les banques doivent respecter leurs engagements. Aussi, plutôt qu’un médiateur, le CJD estime qu’il faudrait se doter d’un véritable Contrôleur des crédits qui s’assure de la coopération des banques. »

Quant aux 175 milliards que le généreux Sarko veut injecter dans l’économie, là encore, le CJD demande à voir : « Le CJD s’interroge sur quels critères seront sélectionnés les bénéficiaires de cette annonce et sur les modalités opérationnelles et financières de cet engagement de l’Etat. (…). Le CJD estime notamment que la priorité devraient être aux entreprises « responsables » (et pas seulement de hautes-technologies) et au secteur du développement durable. »

Dernière prise de position, qui n’est pas la moins surprenante, au sujet de l’ouverture dominicale : « La marche vers un important assouplissement de l’ouverture des magasins le dimanche semble être une mesure peu opportune aux yeux du CJD dans le contexte de la crise. Le CJD insiste sur la base du volontariat comme étant essentielle, et rappelle l’importance du lien social d’autant plus important durant la crise. Le CJD souligne par ailleurs son engagement en faveur du bien-être dans l’entreprise comme composante sociale et sociétale de la Performance Globale. La dérèglementation ne doit pas être le maître-mot de toutes les réformes économiques.

Comme quoi, pendant que le PS se regarde le nombril, des acteurs économiques que certains voudraient diaboliser font le boulot de vigilance et de critique constructive… 


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