Magazine Journal intime

La Saint Martin

Publié le 11 novembre 2008 par Journalvernois

Le 11 novembre , jour de la Saint Martin a depuis toujours été la date de commencement et de cessation bien sûr, des baux à ferme. A cette date toutes les récoltes sont terminées, les terres sont emblavées, la végétation se met au repos et on n’est pas loin de mettre les animaux à l’étable. C’était à la Saint Martin qu’un fermier louait ou changeait d’exploitation agricole. Ce pouvait être pour louer une ferme qui convenait mieux ou parce que le propriétaire le mettait à la porte. Il devait laisser à son successeur une certaine quantité de fourrage dans les bâtiments et des terres emblavées. Il retrouvait  la même chose sur sa nouvelle ferme. Les moeurs ont évolué. Aujourd’hui il est rare qu’un fermier change d’exploitation. C’est plutôt la retraite qui l’oblige cesser son activité et quitter sa ferme. En général les terrains sont repris par des agriculteurs du voisinage qui désirent agrandir leur domaine, poussés par un fils qui veut s’installer. L’association père-fils est souvent un bon tremplin pour lancer le jeune dans sa carrière agricole.
C’est donc dans ce cas de figure que le 11-11-74 que nous avons signé un bail de 9 ans pour louer 36 hectares. et ça va durer 34 ans. Cela représentait une bonne moitié de la ferme de Bussière que l’occupant d’alors abandonnait pour s’alléger la tâche pour ses dernières années d’activité. Nous étions bien contents de trouver un telle surface à moins de 2 km. Trente six hectares divisés en 6 parcelles, d’un seul tenant, traversées par un ruisseau fournissant l’eau à une bonne partie des pâturages, c’était inespéré. Ajoutés à la ferme de Vernois cela faisait une exploitation plus viable pour 2 ménages. Après la disparition de mon père nous avons continué d’exploiter  toute la surface.
Et aujourd’hui, à cette St Martin 2008 je suis tout aussi content de mettre fin à mon bail et de laisser ces terrains à un jeune. J’aurai beaucoup moins de travail et espère avoir plus de temps libre. Je vois cela comme un avant-gout de retraite, de cessation totale. Je ne me vois pas encore inactif, mais des fois je me dis que j’aurais du arrêter totalement. Dans mon entourage, tous les paysans qui ont pris leur retraite ou pré-retraite ces dernières années sont ravis de l’avoir fait et ne regrettent rien. L’élevage va tellement mal. Tous les ans on se dit que ça va s’arranger, que ça ne peut pas aller plus mal, et tous les ans c’est pire. Et cette année tous les records sont battus. La crise agricole qui perdure depuis des années et la crise internationale ont complètement mis à mal le marché de la viande et donc du bovin vivant. Les marchands de bestiaux, les maquignons, ne se bousculent pas à la porte, et celui qui s’aventure dans la cour de la ferme nous annonce des prix dérisoires, d’ un autre temps. Je vois bien que je devrai hiverner beaucoup plus d’animaux que prévu, presque autant que d’habitude. Et moi qui croyais passer un premier hiver bien plus cool.
Pour l’instant je libère les prés de Bussière. J’ai ramené les veaux la semaine dernière. J’ai profité qu’ils étaient tous rassemblés dans le parc pour les déparasiter et le vétérinaire est venu faire le vaccin contre la fièvre catharale. Comme tous les ans je les ai sevrés, triés en lots de 10, et installés dans les bâtiments. Ces jours-ci je ramène vaches et génisses que je répartis sur les prés de Vernois en attendant de les mettre à l’étable dans quelque temps à l’arrivée du mauvais temps. Encore un bac d’ abreuvement ,une auge, des barrières à ramener et j’aurai fait Saint Martin.
A Bientot


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