Magazine Journal intime

Twist and shout !

Publié le 18 novembre 2008 par Lephauste

Chauffés à blanc, les circuits imprimés de nos consciences font dans l'artifice, le feu Saint Elme court de vigie en vigie mais nul d'entre nous n'y voit l'incendie dans lequel nous périssons sous des chaloupes renversées. Certaines connections n'opèrent plus. La puissance des forets nous est devenue meurtrière. Le grand désert des océans engendre des défis risibles, au milieu des lacs notre langue enfle, la soif nous tenaille. Les plaines croupissent, nous prostituons l'or arraché du  lit des fleuves. Les collines, les sommets abrupts mènent aux vallées où l'homme redoute la pluie. Où l'homme abandonne l'horizon à mesure qu'il creuse plus profond dans l'acidité des tourbes, de petites unités de survie, des caveaux des niches, un espace pour l'espèce qui piétine le ciel, courroucée qu'elle est de n'être plus du divin fait chair.

Nous partions de rien, l'amour hypothétique d'un homme et d'une femme, un carrefour dessiné pour nous seul où deux routes incertaines formaient l'ombre propice à notre épanouissement. Deux routes que nous finissions par nommer, vous savez comment. Un carrefour où pour peu que l'on en parte pour suivre l'incréé, notre propre chemin, il était toujours possible d'en conserver la géographie rêvée. Ce rien était le savoir. L'intime nous le conservait comme une herbe folle au milieu des pavés que nous finissions par ajuster partout où le vide transgressait la nécéssité de l'agitation fébrile. Nous étions devenus "L'homme aux semelles de vent", cul par dessus tête !

Nous partions de rien et de ce rien nous avons fait une sorte d' "éléphant Célèbe", un peu comme celui de Max Ernst. Dans les orbites d'acier riveté nous avons greffé deux caméras infra-rouge. Vous savez pourquoi les éléphants de la blague ont les yeux rouges ? C'est à cause du fait qu'en tentant de se planquer au milieu des fraises des bois, ils abandonnent le bien commun (Nous ne sommes rien, soyons tout !). Et nous nous sommes assis dans les palanquins, ballottés, riant, frissonnant, hurlant de joie débile à l'approche des gouffres. Et quand nous franchîmes enfin, au bout d'un lent hiver, les Apennins et que nous vîmes les brumes montant du Potomak, l'empire déchaîna au dessus de nos têtes un enfer de guitares saturées, de charleston tranchant comme la lime à ongles de la veuve Capet, de voix froissées comme les ailes d'un papillon survolant les réacteurs de l'injonction à hurler à notre tour. Hurlons !

"Come on ! come on ! come on baby !

Come on baby !

Twist and shout !

Twist and shout !

(Les Beatles, concert au Shea stadium)

Je marchais au ciel. Mais ma tête elle reposait sur les genoux de ma grand-mère assise dans la sagine.


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