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Lorsque les yeux se désillent

Publié le 18 novembre 2008 par Cameron

La panique est une bête aux dents usées. Sa première morsure est un déchirement brutal des chairs, l’agonie qu’elle entraîne se rumine avec délectation.

Mais la panique ne serait rien sans la cohorte sombre qui l’accompagne, de bruits étouffants dont chaque sursaut se mesure en douleur, de désarticulations désordonnées et fugitives du corps, de tous ces minuscules gestes qui n’aboutissent plus ou alors toujours au mauvais endroit. La panique ne serait rien si elle était simplement elle-même : une bête aux dents usées par l’habitude de la morsure.

Elle sait colorer la vie, chaque instant de la vie, d’une manière qui lui est propre. Et ce n’est ni noir ni gris, plutôt une brume tremblante et vague qui s’effiloche sur les murs de la réalité, les dissimule de flou pour mieux en gommer les aspérités, pour les armer de toute leur solidité masquée. La panique ne rend pas le vrai plus perceptible, au contraire ; elle le noie au milieu de ses vagues d’angoisse. Attachée au cœur, elle se contente de ne jamais desserrer sa prise, et c’est lorsque soudain on ouvre les yeux que le réel frappe. Car la panique n’attaque pas elle-même, jamais. Elle est un nid, un nid de douleurs informulées qui se nouent comme des racines et prolifèrent. Quelle bête immonde peut naître d’un tel berceau ?


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