Les lunettes
J’étais un livre. On effeuillait mes pages
Pour découvrir des signes, des empreintes
Or, je rêvais des archives terrestres
Ou d’un feu noir, mais chacun me lisait.
Des doigts mouillés, , des feuillets et des notes
Sur tout mon corps, et même cette plante
Se desséchant entre mes dents. La mordre
Fut mon désir tout le long d’un hiver.
Déchirez-moi. Je suis autre que Bible,
Autre que vers d’un poème fardé
Car je suis chair, et livre est la parure
Où je me cache. Et nul ne trouvera
Le seul secret que je cache en mes pages.
Il faut me lire avec les yeux.
Robert Sabatier, in Les poisons délectables, 1965.