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Les conditions du bonheur

Publié le 23 novembre 2008 par Mari6s @mari6s

Le bonheur... Une notion bien difficilement définissable... Qui dépend un peu de chacun mais nous concerne tous...

Je crois que depuis que je suis au Cned, on peut raisonnablement dire que je suis heureuse. Je vais pas vous dire que je saute au plafond tous les jours au réveil, mais je ne traîne pas non plus les pieds (bon, je me lève à 8h45 en même temps...). Et puis je ne pleure presque plus jamais, alors que pendant mon année de 2nde au lycée, ça m'arrivait très souvent, la plupart du temps pour rien du tout. Et je râle beaucoup moins - pendant cette même année de 2nde, ma phrase favorite était "j'en ai marre", même sans savoir de quoi...

Qu'est-ce qui me donne ce bonheur? Et qu'est-ce qui fait qu'au lycée, je n'étais pas heureuse?

D'abord, le sommeil. Je suis une marmotte, j'ai besoin d'au moins 9h de sommeil par nuit, voire 10, et quand il faut se lever à 6h30 c'est un peu difficile...
Ensuite, le stress. Au lycée, on est stressés en permanence par une multitude de facteurs: l'énorme masse de devoirs à faire à la maison, les contrôles, les profs, mais aussi les autres élèves, le self (10 minutes pour manger un repas pas toujours excellent...), l'orientation dont on nous rabat les oreilles tout en ne nous laissant pas une minute pour y réfléchir vraiment...
Et puis, dans mon cas personnel, la connaissance. Avoir des journées de 6 à 8h en ne comptant que les heures en lycée, avec ensuite 1 à 3h de travail personnel à faire, et se rendre compte à la fin de la journée qu'on a rien appris, je n'ai jamais pu m'y faire. Je n'ai jamais voulu m'y faire. Si ça fait de moi une inadaptée, c'est bien triste mais je l'accepte volontiers.
Et enfin, dernier point qui n'est pas des moindres, il y a les rapports aux proches. L'année de ma 2nde, je ne voyais quasiment pas ma famille et quand je les voyais, j'étais stressée, préoccupée, crevée, et à cran, ce qui faisait forcément des clash. Quant à mes amies, à part celles que je m'étais faites dans ma classe, je les croisais entre deux cours, tout aussi stressée et crevée, et déjà en retard pour le cours suivant...

Au Cned, j'organise mon emploi du temps comme je le souhaite, en fonction de mes besoins. Je suis beaucoup moins stressée et j'ai plus de temps à consacrer à la détente, aux loisirs, à la réflexion, à la vie! Maintenant, je profite de ma famille au maximum, et même si je vois moins mes amies en quantité, la qualité de ces rencontres est bien meilleure: on prend le temps, on est détendues... Et puis j'apprends, j'apprends goulûment... 

Très bien. Voici donc, objectivement, des éléments qui font la différence entre bonheur et mal-être. Car on peut aisément qualifier ce que je ressentais au lycée de "mal-être", même si je n'aurais pas posé ce mot dessus à l'époque. Or je crois que très peu de gens ont compris ça. Très peu de gens ont compris ma décision d'aller au Cned. Notamment, les professeurs. La plupart ont essayé de me dissuader de quitter le lycée, comme si j'allais "gâcher ma vie". Alors que c'était le lycée qui me la gâchait!!! Et même ceux qui n'ont pas explicitement exprimé leur sceptiscisme, je sentais bien qu'ils ne comprenaient pas.

Aucun d'entre eux n'avait la moindre idée de ce que je vivais au lycée. J'avais d'excellentes notes, j'étais la meilleure de ma classe, je travaillais sérieusement, et je ne m'habillais pas en gothique, donc j'étais forcément heureuse et stable. Ca ne leur est même pas venu à l'esprit que je m'ennuyais comme un rat mort, presque toute la journée, que si je ne participais pas, ce n'était pas seulement parce que j'étais timide mais surtout parce que je trouvais le sujet inintéressant, et que quand ils m'entendaient incidemment dire "j'en ai marre", "ça avance pas en anglais" ou "on a passé toute une heure à rien faire", c'était pas anodin ou juste de la "révolte adolescente", ça traduisait une vraie douleur de ma part.

Après, bien sûr, je n'ai jamais été suicidaire ni même dépressive, mais je trouve ça dangereux de limiter les risques du "mal-être" à cela. Parce que j'aurais très bien pu laisser tomber, arrêter de bosser puisque ça ne servait à rien ; ou alors continuer à donner le change mais passer 2 ans de plus à foutre en l'air ma santé physique et mentale, ce qui n'est pas mieux à mon avis.

Alors quoi? Blâmer tous les profs, la société, l'Etat? Je sais pas. Mais je trouve en tout cas qu'il faudrait changer les choses. Réformer le système scolaire? Ouh là, grève en perspective...
Mais au moins, on pourrait former les profs à un minimum de psychologie, qu'ils repèrent des élèves comme moi, pas surdoués mais qui ont envie d'aller plus loin, qui ne se contentent pas de la ration de misère qu'on nous apporte. Je sais qu'il n'est pas facile d'enseigner à 30 élèves de niveaux très différents. Mais c'est pour ça que des solutions comme le Cned sont de bonnes solutions pour certains élèves. C'est pour ça que les profs devraient être informés sur ces solutions, qu'ils considèrent généralement avec mépris et méfiance ; et c'est pour ça que, selon moi, le système éducatif "normal" devrait parfois orienter des élèves vers ces solutions, encore relativement mal connues (la plupart des gens croient que l'école est obligatoire, alors que c'est la scolarité qui l'est...)

Parce que des inadaptés comme moi, des gens qui s'ennuient à l'école, qui ne supportent pas le rythme lycée, ou encore des phobiques scolaires, etc, il y en a bien plus qu'on le pense. Je l'ai découvert depuis que je suis au Cned. Et c'est pas normal que ça reste tabou dans le système éducatif autoproclamé "providence" qui est censé ne laisser personne sur le bord de la route... On a tous droit à la connaissance, et au bonheur, même si le nôtre n'est pas celui des autres...

texte de MOI écrit le 1er-11-08


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