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Prologue

Publié le 21 novembre 2008 par Marinatorre
D’abord, il n’y a rien. Seule, une grise nuit de tristesse dans un silence épuisé par trop de cris et de larmes retenues.
Dans une pièce anonyme, sur un lit défait, des draps déferlent de part et d’autre d’un corps las. En mousses vagabondes, ils étirent leur douceur de coton blanc, nuages immobiles fendant une obscurité grave qu’ils illuminent faiblement.
Doucement, le songe s’approche.
A pas feutrés, il glisse vers cette âme inerte. Il vient pour l’apaiser. L’être n’esquisse pas le moindre geste, seul le frémissement de ses lèvres au passage de l’air expiré rythme le battement de sa vie. Son calme est lancinant. Tout près de lui, la chimère contemple son œuvre à venir.
Alors, elle se penche. Lentement. Solennelle. Jusqu’à effleurer cette peau qui frissonne. A l’oreille de l’assoupi, le rêve se met à murmurer. Un long chant d’amour mélancolique, une mélopée féerique, ensorcelante.
Et puis, il plonge.
Le rêve est un vagabond secret qui attire les fous dans ses ombres, ses lumières et ses rires pour leur faire oublier qu’à jamais, ils sont seuls.
N’en déplaise aux préjugés, ce n’est pas à la lumière des étoiles qu’il est le plus magique. Lorsque le soleil brille, dernier astre brûlant dans un ciel d’océan, le rêve est alors le plus grand, le plus puissant, le plus beau. Une fois la nuit endormie, les yeux grands ouverts, le songe part en voyage, et nous emmène avec lui.
Alors, loin derrière, le rivage du réel s’efface, et c’est lui qui somnole. Le rêveur éveillé peut enfin s’égarer.

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