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Une nuit, un rêve

Publié le 03 décembre 2008 par Cameron

J’ai fait un drôle de rêve, l’autre nuit. L’un de ces rêves qu’on voudrait bien ne pas avoir fait, mais dont on ne supporte pas qu’il puisse rester incomplet. Et que l’on tente de reconstituer en conscience.

Je ne suis pas certaine de devoir tirer la moindre conclusion de ce rêve, cela dit. Il était à ranger dans la catégorie des rêves agréables, mais comme souvent chez moi, comme presque toujours, habité d’une sourde inquiétude impossible à ignorer. Je savais que je rêvais. Au creux du sommeil, ma raison ne cessait de me le dire. C’était probablement parce que je le faisais au petit matin, ce rêve, après avoir une première fois émergé de ma nuit. J’étais en tous cas consciente de dormir, et je déteste avoir la faculté de me penser en train de dormir sans dormir tout à fait. Bref, peu importe, au fond. C’est le rêve en lui-même, dans son contenu, qui était déstabilisant. J’y vois l’éclatante ironie des différentes épaisseurs, des différentes couches, que peut créer le sommeil lorsqu’il est abordé comme un ennemi à circonscrire. Le vrai sommeil, celui qu’impose le corps, fait naître tellement de possibles que parfois, j’en ai peur. Le sommeil artificiel a ceci de réconfortant qu’en émergeant de son carcan, on a rarement des souvenirs à se mettre sous la dent, et ceci de pénible qu’en général il est difficile de lui échapper sans fatigue. Mais le vrai sommeil, le sommeil naturel si je puis dire, est riche d’un millier de mondes, chacun à découvrir, beaucoup à fuir. Ce rêve étrange de l’autre nuit m’a en quelque sorte échappé, voilà, c’est le mot. Il est venu de ce que j’avais pu me permettre de penser, et il a décidé d’aller dans une autre direction. Je le savais en le faisant, mais il m’était impossible de reprendre les rênes. Ce n’était qu’un rêve, pourtant. Rêvant, je me savais en train de dormir, et je savais aussi qu’à mon réveil tout s’effilocherait presque aussitôt. Ce que je déteste le plus est bel et bien la tentation irrésistible de poursuivre le rêve une fois éveillée, car il est inévitable alors d’affadir le ressenti tout en faussant le contenu de ce songe trop bref. Et je ne sais pas saisir l’émotion perçue à l’instant de la sortie du sommeil. Je ne sais pas faire ça.

Ce serait dommage, j’imagine, de renoncer pour autant à ses rêves, conscients ou non. Il est rare que je m’en souvienne, rare aussi que je souhaite les revivre pour arriver à la fin de l’histoire que se raconte mon esprit. Mais je me dis qu’en fait, là est toute la question : y a-t-il jamais la moindre fin à nos rêves ? Après tout, du moins en ce qui me concerne, les débuts sont toujours manquants, alors pourquoi y aurait-il une conclusion ? Je suis assez satisfaite de ne pas garder en mémoire mes songes, finalement. Qu’ils soient perturbants ou agréables, je les vis essentiellement comme un échec de la pensée, un échec des mots. Je n’arrive jamais à DIRE mes rêves, et rien que pour cela, je déteste m’en souvenir.


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