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Burn after reading des frères Coen, ou : existe-t-il une Confédération des Crétins ?

Publié le 08 décembre 2008 par Jeannoel08

Les Frères Coen font sempiternellement le même film : des crétins essaient d’arnaquerhttp://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/rsz/434/x/x/x/medias/nmedia/18/65/71/80/18991610.jpg des gens censément plus forts qu’eux, mais qui se révèlent être aussi des crétins.

A la différence des autres films des deux frérots, qui placent les crétins dans un univers désert et un brin hostile (Arizona, Minesto, California), “Burn after reading” place des crétins au coeur de Washington, DC. C’est-à-dire, au coeur du pouvoir, visible, mais également du pouvoir occulte. Des espions, des agents doubles, des agents triples. Washington, c’est typiquement le genre d’endroit où la vérité est ailleurs, et où nous sommes dépendants de forces occultes qui nous gouvernent.
Les personnages aux prises avec des forces occultes qui nous gouvernent sont un grand classique des films qui se passent à Washington.
D’ailleurs, les films qui se passent à Washington sont souvent des films sur les forces occultes qui nous gouvernent.

Les références à ce genre de film sont d’ailleurs présentes de manière appuyée dans “Burn after reading” : reproduction de scènes (comme la scène du faux touriste), musique de film d’espion, répliques de films d’espions (les deux dans la sublime scène avec Brad Pitt et Malkovitch), réflexes de films d’espions vintage (aller donner des documents à l’ambassade de Russie vingt ans après la fin de la guerre froide, il faut vraiment vivre dans un film d’espion), ellipses narratives puisque le reste de l’action se déroule comme dans les films d’espion.

Sauf que chez les frères Coen, les espions sont au chômage ou commis aux affaires de divorce, et que ce ne sont pas eux la puissance occulte qui nous gouverne.
Ces espions et autres CSP+ pourraient mener une petite vie tranquillou.
Mais ils sont arrêtés par une puissance occulte.
Car il y a bien une puissance occulte qui nous gouverne, et c’est pour ça que situer le film à Washington pour opérer ce transfert de pouvoir occulte etc. est très malin.
Cette puissance occulte n’est dévoilée que dans la scène finale, qui est une grande matière à réflexion : c’est la League of Morons (in French : “La Confrérie des Abrutis”). Or, il s’agit là d’un fertile terreau de réflexion : effectivement, notre époque n’est-elle pas dirigée en sous-main par une Confrérie d’Abrutis en train de se liguer pour désorganiser nos vies bien réglées ?

Burn After Reading - John Malkovich

La scène finale (pas de spoiler chez nous!)

En tout cas, de nombreuses pages ont été écrites sur cette question, qui creusent le sujet avec constance.

Ici

Ici

Ici

Et ce n’est pas le moindre apport de ce film que d’avoir soulevé l’existence de cette Confrérie. Une fois que l’on a mis un nom sur ces forces occultes qui nous poussent à reprendre des papiers administratifs, à faire des files d’attentes indues, on regarde les responsables comme s’ils étaient des taupes de cette League of Morons qui nous gouverne.

La vérité est ailleurs.


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