Magazine Journal intime

Bric à brac et jeux de mots en vrac

Publié le 16 décembre 2008 par Simpldespry

J’avais mis un peu d’argent de côté, je dis :”Tiens ! Je vais me faire construire une petite maison…”

Je vois un entrepreneur de béton armé. Je lui dis : “Ça va me coûter combien ?

- Quinze briques !

- Bon, je vais me renseigner…”

Je vais voir un copain qui est du bâtiment. Je lui dis : “Une brique…combien ça vaut ?

- Deux thunes!”

Je retourne voir l’entrepreneur de béton armé. Je lui dis : “Pour une thune, qu’est ce que je peux avoir ?”

- Des clous !”

Je retourne voir mon copain. Je lui dis : “Dis donc, il veut me faire payer les clous !

- Il n’a pas le droit !”

Je refonce voir l’entrepreneur de béton armé… Je lui dis : “Je veux bien payer, mais pas pour des clous !

- Vous n’êtes pas obligé de payer comptant…

- Content ou pas content, je suis obligé de payer ?

- Oui, quinze briques!

- Bon, je vais me renseigner.”

Je retourne voir mon copain qui est du bâtiment. Je lui dis : “Peux-tu me prêter quinze briques ?

- D’accord !”

Je refonce voir l’entrepreneur de béton armé…Je lui dis : “J’ai les quinze briques, vous pouvez commencer.”

- Bon, sur quel terrain ?

- Quoi, quel terrain ?

- Ben, il faut un terrain !!

- Je n’en ai pas.

- Je peux vous en procurer un sur le champ.

- Ça va me coûter combien ?

- Vous l’aurez pour des briques.

- … Si je les donne pour le terrain, je ne les aurai plus pour la maison !

- Ah ! Ce n’est pas du tout cuit !”

Je retourne voir mon copain qui est du bâtiment… Je lui dis : “Il me manque des briques !

- Des briques… c’est de l’argile.

- Et alors?

- Achète de l’argile, et fais tes briques !

- Avec quoi ?

- Avec des moules…”

Et il m’a expliqué comment faire.

J’ai acheté des moules au marché, Je les ai remplies d’argile et je les ai mises au four. Quand j’ai vu le résultat j’ai dit : “Bon ! pour les briques, c’est cuit !”

Alors j’ai pris l’argile, et je suis allé voir l’entrepreneur de béton armé et je lui dis : “Je vous dois quinze briques, voilà l’argile, faites-les vous-même !

- Mais des briques, c’est de l’argent !

- On m’a dit que c’était de l’argile !

- Oui, mais en argot, c’est de l’argent !

- Alors, en argot, ça va me couter combien ?

- Quinze millions !

- Bon !… Ben pour la maison c’est cuit !

- Si vous n’avez pas assez de briques, faites-la en bois !

- Du bois ?… C’est pas du boulot !

- Non, c’est du pin.

- Bon, je vais me renseigner.

Je vais voir mon copain qui est du bâtiment. je lui dis : “Un pin, combien ça vaut ?

- Cinquante sept francs le kilo… Mais ça va bientôt augmenter”.

Je refonce voir l’entrepreneur de béton armé. Je lui dis : “Mettez-m’en quelques kilos de côté.

- Kilos… kilos ?… Mais en matière de bois, on parle de stères.

- Ah ! Ben… Si on parle de se taire, ce n’est pas comme ça qu’on s’entendra…

- C’est qu’il en faut du pin pour faire des planches ! Et le boulot, ça se paie !

- Le boulot ? Vous m’aviez dit qu’il n’y en avait pas !

- Il n’y a pas de bouleau, mais il y a du pain sur la planche !

- Bon alors ! pour le pin, c’est cuit !

Je retourne voir mon copain qui est du bâtiment… Je lui dis : “C’est triste de passer par les autres pour avoir un chez-soi !

- Il y a une solution… On démolit pas mal en ce moment. Achète de vieux matériaux !

- Ça va me coûter combien ?

- Une bouchée de pain !

- Bon ! J’ai compris…”

J’ai acheté des tonnes de staff… des stocks de stuc… Et j’ai fait construire une entreprise de démolition.

(Raymond Devos. Ça n’a pas de sens, Denoël)


Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossier Paperblog

Magazine