Magazine Journal intime

Nous n'avons pas dansé pieds nus sur le brasier de l'an défunt

Publié le 03 janvier 2009 par Audine

Nous n’avons pas dansé pieds nus sur le brasier de l’an défunt.

Nous n’avons pas applaudi, esbaudis, l’arrivée de l’an né.

J’ai très peu délivré de vœux. Bonne année, bonne santé et tout ça.

Personne n’est réellement joyeux, ni optimiste.

Et c’est évident que je souhaite plein de bonnes choses à mes proches, à mon entourage. Et à mes lecteurs.

A certains plus, parce qu’ils en auront plus besoin.

Plus besoin de douceurs pour arrondir les coins, plus besoin de confiance en l’avenir, plus besoin de supporter et de supporters.

Je voudrais que la vie soit facile.

Voilà en fait ce que je voudrais.

Alors, quand on ne croit pas au Père Noël …

Chaque fois que je me dis les temps sont particuliers, je sais que j’ai tort.

Car comment étaient les temps, après la Grande Guerre, pour celui qui voyaient arriver la Seconde, celui qui savait, qui sentait, ou même tiens, les Finzi Contini ?

Comment étaient les temps durant la Guerre de Cent Ans ?

Si ce qu’on vit n’est pas nouveau pour l’Homme, il l’est forcément pour l’homme.

Aujourd’hui nous balançons, sur fond de rodomontades présidentielles, entre un Paris Dakar qui aura lieu en Argentine et au Chili et une guerre de 60 ans qui change de nom au gré de l’imagination en délire de militaires souhaitant anéantir un confetti lors d’une opération « Plomb durci ».

Il faut imaginer Sisyphe heureux de pousser son 4X4 sur la Cordillère des Andes.

Putain, c’est carrément trop raide comme montée.

On guette en soi les restes de rage impuissante et comme on n’a plus beaucoup de force - surtout que c’est internationale qu’elle devrait être la force – on conclut, vite culpabilisé néanmoins, ils auraient du rester et pas décoloniser parce que voilà le bordel, quoi.

Et puis, chaque fois tout de même, ils tuent des terroristes du Hamas. Ceux qui veulent le Jihad et voiler les femmes et sont fanatiques.

Ca n’est qu’après qu’on réfléchit.

On met des étiquettes pour mieux éthiqueter, de plus en plus vite, puis aussi fiévreusement qu’un vendeur de jeans Mosellan la veille des soldes.

Alors voilà, on va dire, le Languedoc Roussillon. Le Languedoc Roussillon a une superficie de 27 376 km² et comprend la Lozère qui elle, a une superficie de 5 167 km². On peut donc mettre les mêmes étiquettes de superficie, à peu près, que pour Israël, qui a 20 770 km² et la Cisjordanie 5 842 km².

Pour mieux arriver à se représenter, prenons Andorre. Certes Andorre n’a pas de frontière avec la mer mais on va faire comme si, parce qu’il n’y avait pas d’exemple autre que le Rocher de la Principauté de Monaco et eux, ils ont 24 km² c’est vraiment trop peu. J’avais aussi pensé à regrouper Sète – Palavas – La Grande Motte, mais ça n’était pas bien parlant, et ça ne faisait pas un compte rond, c’est préférable pour les histoires d’anéantissement de prendre comme exemple des comptes ronds.

Donc prenons Andorre et faisons comme si Andorre était près du bord de mer, dans les Pyrénées Orientales par exemple, ça me semble pas mal placé comme étiquette.

Andorre a 468 km², un peu comme Gaza mais un peu plus puisque Gaza lui, a 365 km².

Pour les étiquettes populations alors là on ne peut pas mettre d’équivalent : Gaza a 1,3 millions d’habitants, ce qui lui fait une densité de 3 823 habitants par km².

Certes à Paris c’est plus de 20 600 habitants par km², mais en Languedoc Roussillon c’est 93 et en Lozère c’est 15. En Andorre, c’est 155, tout de même 20 fois moins qu’à Gaza.

Mettons que le Languedoc Roussillon, depuis 60 ans, assiège, occupe, exploite, colonise, décolonise, opère un blocus impitoyable sur Andorre. Andorre n’a plus d’eau potable et salinise son agriculture et la saupoudre de DDT en sacrifiant totalement son avenir, n’a plus d’aéroport parce que le tarmac en a été labouré par les tanks du Languedoc Roussillon, n’a pas assez d’hôpitaux pour soigner les reins, les foies, le cancer et le choléra, et la mortalité infantile de 24 pour 1000 (moins de 4 pour 1000 en France), Andorre vit dans des tunnels avec 60 % de taux de chômage.

Alors, quelques leaders Andorrans entrainent le peuple derrière lui, se font élire avec une participation record et expliquent à la population qu’il vaut mieux mourir dans la lutte qu’étouffer sans même pouvoir gémir. Et que tant que le Languedoc Roussillon existera, ça sera comme ça.

Le Languedoc Roussillon trouve ça insupportable que ces adorateurs de peintures rupestres puissent remettre en cause son existence et dit d’où tu me parles toi ? toi que j’ai nourri, développé et que j’ai même désoccupé. Alors Andorre lui balance des bâtons de skis et quelques bouteilles de Coca Cola bien secouées parce que c’est tout ce qu’ils ont, les hélicoptères de combat ne passent pas par les tunnels.

Du coup le Languedoc Roussillon n’est pas du tout content d’être menacé ainsi par des gaz hostiles et balance des thoniers parce qu’ils en ont en pagaille et qu’il faut bien les écouler et que ça fait marcher l’économie mondiale du thon.

Evidemment, chaque thonier balancé fait plusieurs morts Andorrans, chaque Andorran représentant 20 gazaouis.

Oui, il faut imaginer Sisyphe heureux, il aurait pu être gazaoui.

Si l’on rapproche la focale, je ne peux pas dire que j’ai résolu mes relations avec la vieillesse.

Enfin avec la mienne de vieillesse surtout.

Je suppose que ce sont des réflexions normales, ça, autour de cet âge.

La vie prend une pente irrémédiable.

2009 va en tout cas être une année de mouvances.

De ce qui se profile, ma fille va entrer dans la vie active, la fonction publique va radicalement se transformer, la crise creuse de futures cicatrices.

Resserrons nous autour du feu, poussons en chœur des cris issus de la nuit des temps, pour éloigner les mauvais esprits.

De temps en temps, il faudra s’enivrer.

Et s’aimer très fort.


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