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Quantum of solace, ou : James Bond au temps de Jason Bourne

Publié le 05 janvier 2009 par Jeannoel08

Mais pourquoi TOUT LE MONDE a dit du mal du dernier James Bond ?
Alors que TOUT LE MONDE avait encensé Casino Royale qui était quand même un sommet de beaufitude ?
James Bond s’adonnant à des occupations de beauf (le poker), dans un smoking de beauf, avec une meuf de beauf.
Et la critique avait été unanime. Dithyrambique.

Poker, ton univers impitoyable

Seulement, un autre espion solitaire était apparu entre-temps. Et son nom est Bourne, Jason Bourne.
Comme l’a dit Matt Damon dans une interview, la différence entre James Bond et Jason Bourne, c’est que le second est un “monogame veuf dépressif qui cherche la vérité”, alors que le premier est un “tueur cynique qui dit des blagues en sifflant des cocktails”. Matt Damon n’a pas parlé de “beauf”, parce que le concept équivalent est le “redneck”, et que James Bond ne peut pas vraiment être un “redneck”, notamment parce qu’il est anglais. Mais l’idée était bien là.

C’est hors-champ que ça se passe

Un minuscule extrait de Jason Bourne sert à ringardiser l’ensemble des aventures de James Bond. Cohérence des couleurs, montage serré, prise en compte non gadgetesque de la technologie qui crée une image en quatre dimension, puisque le hors-champ est également une composante de l’image… Un monde de brutes, mais que de finesse.

Donc, James Bond ne peut plus évoluer dans un monde sans Bourne.

D’ailleurs, de quoi parle “Quantum of Solace” ? Je vous le donne Émile : un James Bond électron libre, désespéré par la mort de sa femme qui parcourt le monde pour la venger. C’est-à-dire, en gros, un “monogame veuf dépressif qui cherche la vérité”. Un gros pompage de scénario, donc. Ou un “plagiat mental”, comme dirait Camille Laurens.
Cette compétition entraîne des scènes extrêmement bien construites, inimaginables dans le délire kitsch en Technicolor dans lequel évoluait le vieux Roger Moore (la scène d’enchères dans l’opéra, où les gens communiquent par oreillette)… mais qui dérapent parfois dans le pur plagiat (notamment la scène de combat canif vs ciseaux dans un hôtel d’Haïti qui rappelle fortement une scène de combat bic vs canif dans un quartier de Casablanca), ou qui dérapent dans le mauvais goût (la scène de poursuite sur l’air de “Tosca”, où les monteurs ont été incapables de décider quoi faire et qui mélange kitschement sons et images alors qu’il aurait été beaucoup plus intéressant de zapper les bris de verre et les coups de feu pour avoir une séquence épurée).

C’est quand même pas parce qu’il y a Amalric qu’on est chez Desplechin pour autant…

A l’avenir, donc, le nouvel enjeu de James Bond est de ne pas devenir un Jason Bourne kitsch.
Il va y avoir du boulot.

octopussy


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