Magazine Journal intime

Pas de quoi !

Publié le 05 janvier 2009 par Lephauste

Bon alors, on a été à Bethléem avec nos dons, des hardes qu'on ne mettrait jamais, les jouets pas frais dont les gosses ne voulaient plus, pour rien au monde, diverses bricoles dont on s'était entiché pour cause qu'à ce prix là, franchement il eut été sot de se priver. On est généreux ou on ne l'est pas ! Et pis on est bien vite revenus, parce que là bas ça sent un peu le bébé roussi, démantibulé vagissant de tympans percés par les explosions en séries.

- Vous amalgamez mon ami, Bethléem n'est pas Gaza !

Certes, certes ! Mais comment être bon chrétien si l'on a pas à l'âme la permanence des sirènes d'alarme et les images de la guerre faite aux enfants de la Palestine. Il faut au moins être Pape pour continuer à faire des voeux pieux et à prodiguer aux mourants des conseils de bonne morale. Nous ne le sommes pas, pas plus que la foi d'un viellard proche de se venger de tout ce qui lui survivra, n'est le porteur d'un message de paix. Il n'est qu'une morale par les temps qui finissent, celle des vainqueurs et de leur bon droit à vaincre par le feu et l'acier des missiles, la hargne vindicative de ceux qui en face galopent dans les ruines, le corps de leur enfant démembré serré contre la poitrine.

Puis on est revenu, protégés par les casques bleus, pour se mettre les pieds sous la table. Quelle idée aussi de faire naître un prophète dans un de ces pays qui ne jure que par notre perte ? L'empire a du bon pourtant. Il permet l'acheminement des touristes vers les pistes enneigées, l'arrivage des huîtres, la bonne tenue du foie gras, la baisse inespérée des prix du carburant, le remplissage en sable fin des hôtels de passes en Asie. Tintin se régale et Miloud confectionne des bombes à l'aide d'os à moëlle. L'économie de marché fleurit les cimetières et le froid nous fait aimer la guerre. On est revenu, pour le nouvel an on s'est un peu lêché la frite, bourrés de bon sentiments puis on a tiré les rois, à bout portant et en titubant. Ah ce qu'on était heureux en se comptant parmi les survivants. C'est toujours toi qu'a la couronne ! Bien que nous devions un peu nous l'avouer, il n'est pas si simple de se survivre, en temps de paix factice.

Noirte est mon humeur ? Au milieu de toute cette vie en rose chair tuméfiée, c'est un minimum, non ? Au fait, ça fait combien de temps que l'on crée ici de la misère en faisant la guerre aux pauvres d'ailleurs ?


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