Magazine Journal intime

Soldes

Publié le 07 janvier 2009 par Lephauste

Voilà deux nuits que je passe emmitouflé dans mon sac de couchage de chez Dior, c'est éprouvant je vous assure. Il n'est pas jusqu'à mon chauffeur qui n'ait à y redire : Monsieur va prendre froid ! Monsieur n'est pas raisonnable ! Dois-je rappeler à monsieur que madame revient de Londres avec un sacré rhume ! Rentrons monsieur, je vous en conjure !

- Mais Nicolas, vous n'y songez pas, C'est les soldes ! Je veux être le premier m'entendez vous ? Le premier partout ! Chez Chaumet, à la Samaritaine (pas de conflit en Samarie ?), au BHV, aux Galeries Farfouillettes, chez TaTi Or, au Soldat Laboureur, aux Dames de France ... Partout ! M'entendez vous bien ? Allez garer la Smart et n'en parlons plus.

A la une ! A la deux ! A la trois ... C'est partit !

-50 % sur le Gazaoui ! Un baril de brut Irakien acheté, deux rocket's modèle Hamas offerte (sans les piles!) ! Approchez, approchez ! Avez vous la carte Leclerc, avec la carte Leclerc un char vous est offert ? -80 % sur le Ségo pure laine ! Deux oui, vous m'entendez bien ! Deux réfugiés afghans achetés et vous repartez avec un lévrier Kurde ! On se presse ! Grande promo sur les résolutions de l'ONU ! On se laisse aller madame, on se laisse tenter monsieur ! Ici on consomme citoyen, on lit les étiquettes ! Oui, bien sûr, ce vieillard buriné est bien le producteur de café du café dont il s'agit dans la paquet ! D'ailleurs si vous approchez votre oreille, vous pouvez entendre son dernier souffle et ces quelques mots : Merchi pour touch Ô gringo magnanime ! Ah mais je vois que monsieur hésite ... Monsieur n'a pas la carte ? Monsieur voulait ... juste pour voir ? Monsieur est communiste, poseur de bombes, dérailleur de Trains à Grande Voracité kilométrique, attentateur en tous genres ? Mademoiselle ? Que l'on retienne monsieur, je préviens la préfecture.

C'est ainsi qu'aujourd'hui ceux et celles qui se contentent ordinairement de coups de langue parcimonieux à la surface blindée des vitrines de rêve, vont se voir confirmer qu'ici comme partout en Occident, si tu n'as pas ton code, tu passes ton chemin. Tu peux même changer de trottoir !

T'as compris tu passes ton chemin. Pauvre, va !

-Nicolas mon bon, faites donc chauffer la Smart, nous rentrons.


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