Magazine Nouvelles

Se dégourdir les doigts

Publié le 14 janvier 2009 par Eleken

humeurJ’ai dans les mains, un feu incandescent, une flamme vivace, reflétant mon âme qui se consume dans le vent. Je me dois d’écrire, chaque minute, chaque jour, chaque seconde, chaque instant. Si je ne le fais pas, si je ne le fais plus. La migraine me reprend, me liquéfie dans une agonie longue et inflexible. Irrémédiablement, chaque fois que je lâche la plume, je sens poindre à l’oraison de ma perception, cette pointe de flèche qui s’enfonce doucement dans ma tête. C’est le lot des damnés. C’est là mon seul réconfort, savoir que je ne suis pas seul. Ils ont été nombreux avant moi, ils sont une multitude avec moi, à souffrir, à couvrir de marque sombre le papier de multiples qualités. Il y a là les mots d’un prêtre, délicats et profonds sur un papier épais. Il y a là, les traces des doigts d’un enfant qui s’applique. Et sous mes doigts ? Qui y a-t-il sous mes doigts ? L’enfer ? La plainte ? Suis-je un être si plaintif qu’il me faille l’exposer sans cesse devant la place publique ? Ici !? Laissez-moi rire, cela n’a rien de public. Tout ici n’est que conception dénaturée de ma propre expérience. Il y a dans les mots, un pouvoir qui échappera à jamais à tous hommes. Et pourtant, ils restent faibles d’expression tant ils sont fort de sens épars et distincts.

Pourquoi écrivez-vous ? Moi je sais pourquoi j’écris… Enfin… Non, pas vraiment. Je ne sais pas pourquoi j’écris avec exactitude. Il y a dans mon esprit les prémices d’une réponse. Pour être entendu. Mais je sens à la concevoir que ce n’est pas vraiment cela. Finalement, peu m’importe que l’on m’entende. L’important est de parler, de dire au monde qui m’entoure, ce monde que je n’appréhende que de loin… De lui dire… Mais quoi ? C’est sans importance, non sans importance, peu importe ce que j’ai à dire, peu importe que l’on m’entende ou bien non. L’important est de parler. Même si c’est pour ne rien dire. Regardez ! Vous qui me lisez, que lisez-vous. Précisément, rien ! C’est là-dessus qu’il faut vous méfier. L’information, c’est important, le style aussi. Dans mille mots, il n’y en a souvent qu’un seul qui soit bon, intéressant, nécessaire. Mais l’information brute déplait, car elle ne laisse pas de place à la création, au phantasme, c’est pourquoi il faut de l’enluminure, de la paraphrase, un style pour habiller cette information que je dicte sous mes doigts… Donc c’est ça le secret d’une bonne histoire ? Allez, moi qui écris depuis cinq minutes juste pour le plaisir d’écrire, je m’en vais vous conter un secret mal gardé. Quelque chose que vous savez déjà sans doute. Mais ce sont là les résultats de mes divagations.  Je n’ai pas écrit ici, aujourd’hui pour me plaindre ou gémir, juste pour le plaisir. Et voilà, qu’en quelques minutes, j’ai couvert plus de distance que devant mes histoires qui ne s’achèvent plus dernièrement. Alors, voilà. Juste dire cela, le secret d’une bonne histoire. Une information, pas deux, une seule, percutante, remuante, qui touche au cœur de notre système de valeur qui nous choque ou nous ramène à un bon souvenir, voir un mauvais, voir un odieux, voir une insoutenable. Et après ? L’habiller, le faire porter par un personnage, lui donner deux caractères secondaires, un bon et un méchant. De l’information, du narrateur et des deux personnages naquit spontanément une histoire. Pour ne pas se perdre, deux ou trois décors suffisent amplement à l’intrigue.  Et c’est tout. L’information sera ou non divulguée à la fin, les deux personnages auront traversé leurs trois décors sous l’égide implacable du narrateur. Vous n’aurez appris que peu en lisant, mais vous aurez passé un bon moment… Ah merci mes doigts, j’ai enfin trouvé ce qui me gênait dans mon texte en cours. Je voulais inclure trop de décors et j’avais oublié le gentil sur qui compte le narrateur… Hum, je réfléchis, je réfléchis. Mais il temps de vous laissez retourner à vos vies.

À bientôt amis lecteurs, j’ai des choses à écrire et un travail à rendre.

— Eleken,
Juste pour le plaisir de me dégourdir un peu les doigts

:)


Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossier Paperblog

Magazine