4 ans

En janvier 2006, j'écrivais ceci:
"Hier, 15 janvier, c'était un anniversaire, celui de notre installation à Vancouver. On a voulu fêter l'événement samedi soir au restaurant. Jeremy avait envie d'essayer un restaurant grec, alors on est allés sur 4th. Mais quand on habite à Vancouver, la Grèce, c'est loin, alors ça se confond sûrement un peu avec l'Italie (???) dans l'esprit des gens, parce que finalement, au menu il y avait plus de pizzas et pâtes que de souvlakis! Encore une expérience de resto ratée... I miss Montreal!
Le record de pluie n'aura pas été battu, on a eu un week-end sec, yessss! C'était si agréable de sortir sans parapluie, de voir un peu le soleil. Mais c'est reparti pour un tour, on annonce de la pluie pour la semaine. Un jour, le printemps arrivera..."
Le 15 janvier 2007, alors que je pensais que nous allions déménager au Mali, j'écrivais:
"2 ans déjà... Nous arrivions à Vancouver, sous une pluie battante, un ciel gris, comme c'est traditionnellement le cas en janvier (quoique, cette année, c'est un peu plus extrême). 2 semaines plus tard, nous aménagions dans ce bel appartement que nous aimons tant."
(quelques photos de l'appart illustraient ce billet)
"Et dans quelques mois, il faudra remballer tout ça... Je vous l'ai dit, j'adore déménager!"
Pas de déménagement au Mali finalement. Un an plus tard, en 2008:
"Le temps passe à la fois vite et lentement. Voilà déjà trois ans que nous vivons à Vancouver, et même si j'ai cru à plusieurs reprises que nous allions partir pour d'autres horizons, je ne suis finalement pas étonnée, ni déçue d'ailleurs, d'être toujours là 3 ans plus tard.
Pour célébrer l'événement, il fait un temps magnifique (ce qui permet à tout le monde -mais pas moi- de se plaindre que "oui, mais il fait froid!"), et Jeremy est en ville. Un petit repas au Sandbar ce soir ne serait pas pour me déplaire..."
Je serais bien retournée au Sandbar ce soir pour fêter notre quatrième anniversaire de vie Vancouveroise, mais à la place j'ai fait une quiche, ma foi fort bonne.
Lentement mais sûrement, le temps a fait son travail et je ne regrette plus quotidiennement Montréal, ni ne rêve désespérément de retourner y vivre. Bien sûr, je me réjouis quand même infiniment d'aller y respirer de l'air frais et vivifiant et voir les gens que j'aime quelques jours la semaine prochaine. Mais quand je pense à mes premiers mois ici et à la frustration dans laquelle je vivais... La nostalgie ne me réussissait pas, quelle perte de temps! À la place, forte de ce que ces quelques belles années passées à Montréal ont fait de moi, j'ai finalement creusé mon trou à Vancouver, je m'y suis fait une vie qui n'est pas pire qu'une autre, et j'ai appris à m'y sentir un peu chez moi. Il m'arrive encore de regarder autour de moi et de me demander ce que je fais ici, mais après tout, comme tant d'autres je suis condamnée à me sentir étrangère un peu partout. Et de toutes façons, ce serait sans aucun doute bien pire si je retournais vivre en France. Voilà au moins une chose qui ne risque pas de m'arriver...
Au quotidien, même si je sens depuis le début de l'année les fourmis du voyage et l'envie de Sud commencer à me chatouiller les jambes, je m'émerveille toujours des paysages qui m'entourent, je fais plus de sport que jamais -cela dit, ça aurait été difficile d'en faire moins que ma moyenne pre-Vancouveroise- et pendant que mon anglais s'améliore, j'ai parfois l'impression de perdre un peu de mon français. Et si demain nous devions à nouveau recommencer à zéro quelque part dans le monde, je ne pleurerais pas forcément de quitter Vancouver, mais j'y laisserais quand même un petit peu de mon coeur, comme j'en ai laissé à Port-au-Prince et Montréal. Par chance, le coeur, ça semble plutôt bien repousser.