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Salut

Publié le 17 janvier 2009 par Unepageparjour

Début d'Armance Desnoizel

« Salut ! Arms chérie ! Je suis content de t’avoir au téléphone. Je n’ai pas compris tous tes SMS, mais cela n’a guère d’importance.

J’ai vu le président, tout à l’heure. Un peu plus tôt que prévu, peut-être. Il m’a appelé dans son bureau. L’acajou des meubles s’évaporait dans la pièce claire. Un mélange d’encaustique et de saveur profonde, presque forestière, comme si le bois venait d’être fraîchement coupé. Une certaine ivresse, qui montait à la tête. Sur la grande table ovale trônait un bouquet d’orchidées roses, aux tiges épaisses, aux fleurs lourdes et aguicheuses. J’imaginais presque des groupes d’abeilles virevoltant autour des corolles ouvertes. Seule, une petite mouche de printemps, aux ailes fluettes, montait et descendait sur le vase, inlassablement, dans un mouvement presque hypnotique.

Le président se tenait tout au bout de la table, droit, comme à son habitude, dans un fauteuil de cuir noir. Il me fit signe de m’asseoir à ses côtés. Je prenais place sur l’autre siège. Mes paumes ressentaient toutes les aspérités de la peau souple. Mes doigts parcouraient certaines rugosités, là où, sans doute, un muscle de la bête saillait. En m’asseyant, le fauteuil rendit un souffle étrange, comme un râle, presque inaudible.

Le visage d’aigle du président se découpait sur les baies remplies d’azur. Le noir de ses yeux semblait percer ma carapace, vaincre ma coquille, et distiller son encre indélébile dans le réseau de mes veines.

Pascal, disait-il. Je suis content de vous. J’ai toujours été content de vous.

Ses mots tombaient comme des pierres jetées d’une forteresse. Des pierres dures, aux arrêtes turgescentes, aiguisées, fendant d’un coup les têtes des assaillants.

Comme vous le savez, Pascal, je cherche ce bras droit, ce directeur général, qui doit m’accompagner dans la conduite de cette entreprise.

Il chevauchait un destrier invincible, l’épée au vent, foulant les restes d’une armée vaincue, altier dans les dernières fumées de la bataille.

J’ai pensé à vous, Pascal ...


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