Magazine Journal intime

Scènes d'une salle d'attente de médecin lors d'une épidémie de grippe

Publié le 20 janvier 2009 par Anaïs Valente

(billet rédigé ce samedi soir)

« Pourkwaaaaaaaa ai-je choisi d'aller dans cette salle d'attente un vendredi soir ?  Pourkwaaaaaa ai-je choisi une semaine d'épidémie pour aller dans cette salle d'attente ?  Pourkwaaaaaaaa n'ai-je pas déserté les lieux immédiatement ?  Pourkwaaaaaaaaaaaaaa ? »

(My god, c'est quoi ces cinq folles dénommées Pussycat Dolls ?)

Voilà en substance les questions que je me suis posées durant les deux heures qu'a duré mon attente.  Deux heures.  Durant lesquelles j'ai lu une très grosse centaine de pages de Fascination (merci Fascination, suffisamment fascinant pour me faire patienter, merci Bella et tes pulsions amoureuses, merci Edward et ton humour dévastateur). 

Donc, j'avais un tout chtit mal de gorge, le genre qui fait avaler quelques poignards par heure.  Mais aucun autre symptôme, donc pas de quoi fouetter un rat (le mien me fusille du regard à l'instant où je vous écris, à croire qu'il lit dans mes pensées comme Edward - dieu comme il m'obsède, cet Edward).

(Christophe Maé est tout content, tant mieux, rien à faire, je n'en serai jamais super méga fan)

Et comme je devais aller, depuis plusieurs semaines, chez ma Miss Docteur brune ténébreuse (mais femme), pour quelques soucis dont je vous épargnerai les détails (vous savez comme je déteste faire pleurer dans les chaumières), j'ai décidé de faire d'une pierre quatre coups : parler de ceci, de cela, de cela et de ma pauvre gorge irritée.

Mal m'en a pris.

(Sofia Essaidi a mis une poule noire morte sur sa poitrine ce soir, étrange)

A noter pour ne plus oublier : ne JAMAIS aller chez Miss Docteur durant les épidémies de grippe.

Dès mon arrivée, je réalise l'ampleur de la chose : plus une seule chaise libre dans la salle d'attente.  Ah, si, une.  Là-bas, au fond.  Je m'y précipite, avec une seule envie : m'en aller.  Mais vu toutes les paires d'yeux qui me dévisagent, je n'ose.  Dans une salle d'attente, les gens n'ont rien d'autre à faire que s'observer, c'est la sinistrose absolue.

(Stanislas et Calogero, rhaaaaaaaaaaa, je vous aimeuh)

Je m'installe et observe à mon tour, histoire de détecter qui est avec qui.  Cette femme semble être avec ce tout jeune ado.  Celle-là a l'air d'être la mère de ces deux fillettes.  Cet homme est-il l'époux ou le fils de cette dame ?  Chaque regroupement signifie moins d'attente...  Si mes calculs sont bons, en comptant une moyenne d'un/quart d'heure par consultation et vu que je passerai après elle, elle et lui, elle et elles, elle et lui, lui et elle, j'en ai pour une heure trente d'attente.  Que du bonheur.

(Pitié pas Sherifa Luna comme révélation, pitié Edouard, pitiéééééé... Zao, kikseksa hein ?)

Je me plonge dans Fascination, et je lis.  Difficile cependant de se concentrer, vu le va et vient qui fait que cette salle d'attente ressemble plutôt à un hall de gare.  Entre les gens qui entrent, s'installent, comptent puis abandonnent.  Ceux qui entrent et s'installent.  Ceux qui suivent Miss Docteur qui fait régulièrement irruption en hurlant « c'est à qui » d'un air aussi exaspéré que désespéré, c'est la folie furieuse.

(Aaaah vlà Edouard, j'adoooore cette chanson, argh ils chantent tous, yesssss, j'adooooooooore,  c'est incroyable ce qui arrive à Edouard, non ?)

Mais là n'est pas le pire.

Le pire, c'est qu'ils toussent.

Tous.

Ils toussent tous (argh comme je me marre de mon si bon jeu de mots digne de tous ceux que je sors sans cesse dans mon nouveau bureau, à Mostek et à ma new collègue qui n'a pas de surnom, mais qui n'est plus Moustique, vous le savez).

(I kissed a girl and I liked it, Les limites... mais zont choisi toutes les chansons que j'aime d'amour - par contre Julien Doré en marcel noir brillant, non, franchement, ça le fait pas)

Donc ils toussent tous.

De façon différente.  Petit raclement de gorge (ça c'est moi, j'ai toujours un chat dans la gorge, qui ne semble pas tenté par le rat puisqu'il n'en sort jamais).  Petite toux sèche.  Grosse toux sèche.  Enorme toux grasse qui n'en finit pas et provoque l'étonnement et le rire des autres patients (pour ma part, j'en aurais presque la nausée).

Ils ont tous la grippe, c'est une certitude certaine.  Et dans cet endroit confiné plein de miasmes, de bactéries, de microbes, de virus contagieux et d'acariens atteints de toutes sortes de maux, clair que je vais être contaminée en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

(Vlà Duffy, ou Buffy, ou Puffy, quelle voix !- si Nikos pouvait cesser de faire le pitre, ce serait parfait)

La mère et son jeune fils s'en vont, après tellement d'attente.  Etrange.  J'avance d'une case sur le jeu de l'oie virtuel de cette salle d'attente. 

La femme et son époux/fils ne se connaissent pas, ils n'entreront pas ensemble.  Je recule d'une case.

(Mylène, elle est botoxée hein, rassurez-moi ?, je fais vingt ans de plus qu'elle, c'est pas normal)

A mes côtés, une jeune femme envoie des SMS.  Sans cesse.  A une vitesse folle.  Durant une heure.  Cette envie de lui fracasser le GSM sur la tête, au bout d'une heure à peine de cette torture, c'est grave docteur ?  Sont-ce les prémices de la grippe ?

Une heure d'attente déjà.  J'ai bien avancé dans ma lecture, malgré les interruptions fréquentes.  Bella est en danger, l'angoisse monte, en même temps que mon impatience.  La prochaine fois, j'emporte mon portable et je regarde des feuilletons en streaming, tant qu'à faire.

(My god, j'ignorais qu'Enrique Iglesias était si... si... et si...)

Dans deux personnes, c'est mon tour.  Oups, non, dans trois personnes, j'avais pas vu cette petite vieille tapie dans un coin. 

Dans une personne c'est mon tour.

(Ma main sur ton petit cul blablabla, je coupe le son, cette chanson m'horripile et fait se dresser mes longs poils de bras)

C'est mon tour.  Bientôt.  Enfin bientôt... c'est tout relatif.  Cette petite vieille a dû faire une attaque dans le cabinet, c'est nin possip' que ça dure tant.  Elle est morte c'est clair.  Ou évanouie.  A moins qu'il ne s'agisse d'une tueuse en série de médecins et qu'elle soit en train de découper cette pauvre Miss Docteur.

Bon c'est mon tour, cette fois.  Enfin.

J'entre.  Je cause.  Je prends mes ordonnances.  J'apprends que j'ai une pharyngite.  J'appréhende ma future grippe.

Et je rentre chez moi.

(Voilà, c'est fini, à part Anthony Cavanagh et Nikos, c'était pas mal, mais j'ai pas vu qui a gagné la meilleure chanson de l'année, fichtre)

Ça a duré 7 minutes.  120 minutes d'attente pour 7 minutes de consultation avec une doctoresse fabuleuse, je me dois de le dire, mais overbookée.

Tout ça pour ça.

Je rentre chez moi, tandis que Miss Docteur a encore huit personnes à voir.

(Vous l'aurez compris, j'ai rédigé ce billet en matant les NRJ Music Awards)



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