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ben voilà

Publié le 17 août 2007 par Didier T.
Peut-être connaissez-vous la sensation de fraîcheur que procure un masque à l'argile. Quand l'eau tiède, voire chaude a été mélangée à de l'argile verte, ou blanche, si la peau est plus fine, et que le peu d'air qui passe par la fenêtre vient glisser sur la peau, quand on a l'impression du goût d'un tic tac à la menthe qui vous caresse, mais en plus doux, quand on sent petit à petit la terre pure sécher sur l'épiderme, qu'elle pénètre la couche supérieure, que vos pores sont doucement violés par cette poudre devenue glaise, qu'ils s'ouvrent et se laissent envahir, imprégner, qu'ils recrachent leurs humeurs qui s'engluent avec douceur dans cette couche supplémentaire, que chaque petit morceau de sébum se laisse dissoudre, qu'un point noir s'ouvre et se détache comme l'opercule d'un bigorneau, et que la terre, de plus en plus sèche, commence à faire mal autour des yeux, empêchés qu'ils sont provisoirement de plisser, quand les pattes d'oie naissantes ressemblent à des sillons recevant leur semance, sans broncher, quand la dureté gagne le tour des lèvres, qu'on a du mal à fumer et qu'on ne pense même pas à essayer de parler, quand tout se durcit de plus en plus, quand ça commence à devenir moins agréable, mais on résiste, on sait que ça fait du bien, qu'ensuite, ensuite tout sera plus clair, plus léger, on sentira plus tard une peau lisse comme il y a longtemps qu'elle ne l'a point été, quand il commence à se faire tard, que le bruit de la douche qui coulera bientôt vous sauvera de cet emprisonnement volontaire, quand la terre sèche redeviendra glaise puis glissera, se confondra avec l'eau qui ressemblera à la caresse d'un ange tellement ce masque de cire aura tendu, tordu la peau jusqu'à la briser, et rejoindra le trou d'en bas, disparaîtra sous la bonde. Quand vous serez libéré de cette gangue, vous vous sentirez mieux, douloureusement bien mieux, et la lumière reviendra sur votre peau terne.
Moi, j'ai essayé de retrouver une peau vierge en acceptant une souffrance nécessaire. J'ai laissé les choses prendre, jusqu'au plus loin que ma résistance me l'autorisait. Et puis j'ai arrêté, j'ai vu que ma vie vieillissait, comme ma peau, j'ai compris que ce qui était enfui était enfui, y compris les moments de choix, les moments du bon moment. J'ai compris qu'il fallait que j'accepte d'être celui contre lequel je lutte. Alors, j'ai arrêté de résister. J'ai choisi de rincer tout ça d'un coup d'eau chaude et de me sécher ensuite, comme si de rien était, en étant pardonné de mes erreurs.
Je me trompai.
La peau est partie avec. Il ne reste que la chair à vif, et je ne sais plus quoi faire de cette enveloppe qui me reste à la main. La vérité nue n'est pas jolie.
Publié par les diablotins

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