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Pensées de l'aube (12)

Publié le 27 janvier 2009 par Jlk

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Du miracle. – Ce n’est pas que tu n’attendais rien, car tout en toi n’est qu’attente, ce n’est pas que tu n’espérais ni ne désirais plus : c’est que c’est apparu tu ne sais comment, que c’était là comme au premier matin du monde, là comme un arbre ou un torrent, frais comme l’eau tombée du ciel, surprenant comme un chevreuil dans la lumière diaprée de l’aube, doux et léger comme la main du petit dernier que tu emmènes à sa première école, bon comme le pain sans rien, beau comme les vieux parents s’occupant des enfants de leurs enfants - enfin ce que tu veux qui te fait vraiment du bien, et à eux…

De l’envie.- Ne sachant pas qui ils sont eux-mêmes, et n’estimant rien de ce qu’ils sont, ils n’ont de cesse que de dénier aux autres le droit de croire en ce qu’ils sont ou à ce qu’ils font, et c’est alors ce ricanement du matin au soir, ce besoin de tout rabaisser et de tout salir, de tout niveler et de tout aplatir de ce qui menace d’être ou d’être fait, cependant ils restent aux aguets, inassouvis et vains, impatients de ricaner encore pour se donner l’illusion d’être…

De l’emmerdeuse.- Tu es France en ton nombril parisien, tu te prends toujours pour la référence au milieu de ta cour de pédants bien peignés, et je t’aime bien, mais on manque chez toi d’Irlande des champs et d’opéras villageois, on manque de paysans siciliens et de furieux Japonais, on manque de saine colère et de mélos indiens, on manque de vrais méchants et de vraies mégères, tu gardes tes gants jusque dans les mauvais lieux de tes romans guindés, tu es pincée et tu prétends désigner seule ce qui mérite de te mériter, sans voir que tu te fais seule, en effet, et que tu te fais ennuyeuse à ne pas laisser la vie de tes propres villes et villages te surprendre…

Peinture: Thierry Vernet.


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