Magazine Journal intime

Allô Tonton, Pourquoi Tu Tousses?

Publié le 09 février 2009 par Mélina Loupia
(Me dépêche là, y a un spécial Caméra Café à la 6.)

Non je voulais juste dire qu'enfin, depuis ce matin, j'ai arrêté.

De tousser.

Mais c'est pas ma faute.

On m'a montré comment faire.

Alors pour faire comme tout le monde, j'ai essayé.

Et j'ai rapidement plus pu m'en empêcher.

Alors le jour où la simple envie que mes lèvres formulent un mot ne provoquait qu'une quinte horrible, d'une remontée de glaires acides et d'un troupeau de postillons amenés par un énorme médaillon qui s'explose soit contre le revers de la veste de mon interlocuteur, soit contre l'écran en plein dans la fenêtre MSN, j'ai dit "STOP", avec la main gauche bien droite devant.

"C'est décidé, j'arrête de tousser."

Oui, mais j'ai autant de volonté qu'une tuile au bord du toit un jour de vigilance orange.

Alors fallait que je me fasse aider.

Donc, direction la 1ère pharmacopée dans ma ligne de mire.

J'ai même pas eu besoin de décrire mon symptôme, l'apothicaire a pris direct sur sa blouse l'objet de ma visite.

"Oula, j'ai exactement ce qu'il vous faut et en plus, c'est aux plantes, mais n'abusez pas tout de même."

Même pas je suis sortie de la boutique que je m'en suis filée une lampée dans le cornet.

Que j'ai limite vomi sur le manteau de ma soeur.

"Putain la vache, son sirop, c'est au lierre, mais on a déjà pas envie de le fumer ce truc."

2 heures après, tout le monde avait appris à déchiffrer mon nouvel alphabet à la quinte.

J'ai donc poussé le taxi jusqu'à ma pharmacie habituelle.

Avec ma pharmacienne coutumière.

Rebelote, elle a compris tout de suite et a déniché de ses étagères une plaquette de pastilles.

Et ça tombe bien, moi, j'adore sucer.

Alors j'ai déposé l'engin au beau diamètre sur ma langue et j'ai laissé lentement fondre, pendant que mes glandes salivaires se chargeaient du suc.

Ah ça, en 5 minutes, je toussais plus.
Je me rappelais même plus ce que ça voulait dire ni comment ça faisait.

Tout le monde a enfin soupiré de soulagement et a rangé parapluie, K-Way et bombe imperméabilisante.

Quand soudain, discrètement, quelqu'un m'a mimé du doigt que j'avais comme un petit quelque chose au coin de la lèvre.

En l'espèce d'un beau filet de bave.

Alors que j'allais remercier mon mime de m'éviter la piche de ma vie pour la 15ème fois de la journée, aucun son n'a pu sortir de ma bouche.

J'ai eu soudain la vague impression de revivre la plus grosse cuite de ma vie en en étant consciente.

Ce doux moment où on s'aperçoit que ce que la tête dit n'est plus forcément relayé en temps réel par la bouche.
Que y a comme un léger différé entre le centre de la parole et la glotte.
Juste quand on a encore assez d'esprit dégagé pour dire " Oh putain je suis tellement bourrée que je sens plus ma bouche."

Sauf qu'après, la copine elle te soulève du pavé, elle essuie ton vomi dans les cheveux et elle va te coucher.

Et qu'en l'occurrence, j'avais pleine conscience de ce que je vivais.

J'avais en gros la face anesthésiée du naseau au menton.

Plus moyen de parler.
Plus moyen d'avaler.
Plus moyen de refermer mes lèvres.

Juste assez de dignité pour tenter un sourire de façade et faire " Ga".

Et de filer en courant à la pharmacie hurler ma plainte en silence, avec un forfait voyelle.

Pliée de rire, elle m'a dit, avec tout son stock de consonnes :

"Ah, bé tu voulais plus tousser, tu tousses plus, c'est que la pastille, elle est pas que bonne avec la menthe, elle contient aussi 2 puissants antiseptiques et de la lidocaïne tu vois, le truc qui enclume un peu."

Donc j'ai suivi le traitement à la lettre.

Tous les soirs, au coucher, j'ai sucé.
Une semaine tout durant, qu'est-ce que j'ai sucé le soir dans le lit dis-donc.

Et depuis ce matin, ô joie, a y est. Finito. Basta.

"Ah non madame, désolée, j'ai arrêté de tousser."



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