Je ne suis plus qu’avec toi depuis si longtemps.
Les basses forêts de l’hiver sur l’horizon
Assiègent depuis si longtemps notre royaume.
Tes regards sont les matins fragiles du ciel.
Ton geste a la gravité du nuage errant.
Si tu rêves le jour s’arrête sur les flaques.
Une ombre s’assied près de nous si tu t’endors.
Plus un fruit, pas de fleurs encore, aucun tapage,
Aucun feuillage à part d’erratiques genièvres,
Point de passant sinon la corneille ou la pie
Ou l’heure avec son pas tranquille à travers champs.
Les dieux ? quels dieux ? à moins de ton rire insolite
A la croix des chemins vicinaux, ton rire
Avec pour temple un silence énorme au-dessus.
Jean Grosjean, in Hiver,1964