Magazine Journal intime

Interview !

Publié le 21 février 2009 par Thywanek
Vous n’allez pas le croire. Pourtant je vous en ai fait gober des trucs sur ce blog. Mais là vous allez voir c’est énorme !
Ca sonne chez moi cette nuit, il devait être environ trois heures. Je ne dormais pas du tout. J’étais en train de gratter sur mon écran. Pas du givre, non. Des fourmis. J’étais en train de gratter des fourmis. Je dis à haute voix « Entrez ! » Car il faut savoir que je ne ferme jamais ma porte à clé lorsque je suis chez moi : y’a aucune raison. Puisque je suis là. La porte s’ouvre timidement et un mec entre, prudemment. Je lui dis d’avancer, il avance, presque jusqu’à moi l’air un peu inquiet. Il est au milieu de la pièce. Pas très grand, un peu pâle, petite moustache. Il me dit son nom en me précisant qu’il est ici incognito. Il hésite. Je lui demande ce qu’il veut. Il me dit qu’il souhaite m’interroger. Je lui demande à quel propos. C’est au sujet d’une étude statistique sur le vie secrète des fourmis, me répond-il. Ca tombe bien, je suis en plein dedans, m’exclamé-je. Je sais, fait-il sur un ton un peu mystérieux. Il me demande s’il peut m’emprunter mon ordinateur. Je m’étonne qu’il n’ait pas son matériel personnel. Il m’explique que c’est pour se déplacer plus aisément. Surtout lorsqu’il faut passer les douanes. C’est souvent un peu kafkaïen de se faire dédouaner. Il y a quelque chose d’un peu anachronique dans sa tenue. Et pas que dans sa tenue. Mais il a l’air vraiment sympathique. Il me propose de m’allonger sur mon canapé et s’installe à ma table de travail. Je lui demande si ça ne risque pas d’être un peu bizarre comme situation. Il me dit que non. Et que si j’ai l’intention de trouver ça bizarre c’est que je ne dis pas ça par hasard. Il dégage quelque chose de plutôt rassurant. Je n’insiste pas. D’autant qu’il ajoute calmement et assez mystérieusement que tout le temps perdu ne se retrouve pas toujours. Il se tourne vers moi, me demande si je suis prêt. Je réponds que oui, je suis prêt.
Et voilà. Ca a duré une petite heure. Il me questionne de sa petite voix douce et presque enfantine. Puis, lorsque c’est terminé il imprime l’entretien et me demande de la signer. Je m’exécute. Il plie le document en trois, le glisse dans une poche intérieure, me salue, distant, poli, en souriant. Puis s’en va, comme il était venu.
Incroyable non ?
En me remettant à ma table de travail, vaguement interloqué, je m’aperçois qu’il a laissé la page de l’entretien ouverte. Je m’empresse de la sauvegarder.
Au moins c’est la preuve que je n’ai pas rêvé.
Jugez-en vous-même.
Je trouve curieuses ses initiales, et ce Moi qu’il met à ma place, au lieu de mettre mes propres initiales.
Il se passe de ces choses… Il se passe de ces choses…
Bon, voici donc le texte des questions et de mes réponses. Peut-être un test… Une enquête… Ca me laisse perplexe.
M.P. - Quel est le principal trait de votre caractère ?
Moi - Le choix de la sensibilité.
M.P. - Quelle est la qualité que vous préférez chez un homme ?
Moi - La sensibilité.
M.P. - Quelle est la qualité que vous préférez chez une femme ?
Moi - La sensibilité.
M.P. - Qu’appréciez le plus chez vos amis ?
Moi - Les qualités grâce auxquelles ils m’aiment.
M.P. - Quel est votre principal défaut ?
Moi - Le manque de foi. Ce qui n’a rien à voir avec Dieu. Je préfère le préciser.
M.P. - Quel est votre occupation préférée ?
Moi - Essayer, essayer, essayer sans cesse.
M.P. - Quel est votre rêve de bonheur ?
Moi - Devenir vieux et être content.
M.P. - Quel serait votre plus grand malheur ?
Moi - Ne plus avoir le temps.
M.P. - Que voudriez-vous être ?
Moi - Ce qu’on est tenté de croire que je suis.
M.P. - Dans quel pays désireriez-vous vivre ?
Moi - Dans tous : c’est peut-être pour cette raison que je ne voyage pas assez.
M.P. - Quelle est votre couleur préférée ?
Moi - La couleur d’origine : le noir.
M.P. - Quelle est la fleur que vous aimez ?
Moi – Toutes et un peu plus celle qui va éclore.
M.P. - Quel est l'oiseau que vous préférez ?
Moi - Je les aime tous, mais j’avoue une faiblesse pour celui qui danse.
M.P. - Qui sont vos auteurs favoris en prose ?
Moi - Marguerite Yourcenar et J.M.G. le Clézio. Et quelques autres
M.P. - Qui sont vos poètes préférés ?
Moi - Mallarmé, Pasolini et quelques autres.
M.P. - Qui sont vos héros dans la fiction ?
Moi - Ah ! Ce sont des personnages de fictions ?
M.P. - Qui sont vos héroïnes favorites dans la fiction ?
Moi - Et elles aussi ?
M.P. - Qui sont vos compositeurs préférés ?
Moi - Wagner, Shostakovich, et pas mal d’autres.
M.P. - Qui sont vos peintres favoris ?
Moi - Jérome Bosh, Francis Bacon, et certains autres.
M.P. - Qui sont vos héros dans la vie réelle ?
Moi - Toutes celles et tous ceux qui se destinent à apaiser la souffrance d’autrui. Mais ils se prennent très rarement pour des héros.
M.P. - Qui sont vos héroïnes dans l'histoire ?
Moi - Louise Michel et ses sœurs à travers les siècles. Mais elles se prennent très rarement pour des héroïnes.
M.P. - Quels sont vos noms favoris ?
Moi - Le mien et celui que je m’invente pour le tenir de moi.
M.P. - Que détestez-vous par-dessus tout ?
Moi - La lâcheté et la laideur : celles dont on construit aujourd’hui ce qu’on appelle le divertissement.
M.P. - Quel est le personnages historiques que vous méprisez le plus.
Moi - L’actuel occupant de l’Elysée.
M.P. - Quel fait militaire admirez-vous le plus.
Moi - La désobéissance et les traités de paix : mais je ne suis pas sur que ce soit des faits militaires.
M.P. - Quelle est la réforme que vous estimez le plus.
Moi - Elle est à venir : c’est celle qui permettra qu’on ait plus à la tête d’un état une personne méprisable.
M.P. - Quel don de la nature que voudriez-vous avoir.
Moi - Un genre de grâce et peut-être un peu de beauté.
M.P. - Comment aimeriez-vous mourir ?
Moi - Un matin, éveillé, calmement, avec sur les lèvres un petit sourire de reconnaissance.
M.P. - Quel est l’état présent de votre esprit ?
Moi - Il fait nuit, une lueur de lune entre par la fenêtre, je me sens bien. Confiant.
M.P. - Quelles fautes vous inspirent le plus d'indulgence.
Moi - A peu près toutes. Surtout celles que je suis parfois tenté de commettre ou que j’ai commises.
M.P. - Quelle est votre devise ?
Moi - Ca changerait trop souvent.

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