Magazine Journal intime

Magnolia for ever

Publié le 02 mars 2009 par Armelle N

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Alix est assise sur le seuil de la porte fenêtre, le chien entre les jambes. Elle tend son visage aux rayons du soleil de ce début d’automne un peu mouvementé. Elle a trouvé refuge, là, dans cette maison à la campagne. Elle fuit son image au fond des miroirs. Elle porte un pull trop grand, un pull over d’homme sur un vieux blue jean. Les roses sont fanées mais elles exhalent encore un parfum de vieille dame dans la tiédeur de cet après midi ensoleillé. Alix ne veut pas que vienne le soir et derrière lui la nuit. Elle a peur des fantômes surgis de son passé. Peut être devrait elle rentrer à Paris ? Peut être devrait elle se connecter à MSN et interpeller Victor. Pour lui dire quoi au bout de tant d’années ? Cinq ans qu’elle repousse cette envie de lui dire simplement “Hello! comment vas-tu ?” S’il savait que chaque jour depuis cinq ans, elle le guette à travers son statut dans la fenêtre Messenger. Elle vit au rythme de ce petit carré de couleur, témoin de sa présence virtuelle mais si rassurante. Vert, il est si proche, pour un peu, elle le toucherait. Orange, il est occupé mais il est là quand même. Ce qu’elle redoute c’est la couleur blanche et ce creux dépressionnaire comme s’il lui échappait, alors que c’est elle qui depuis tant de temps le fuit, invisible à sa vue, derrière son profil hors ligne… Elle soupire. Elle est venue ici car il n’y a pas internet. Elle s’est isolée. Elle attend que le temps passe et efface cette soirée à l’Ambassade. L’automne ne s’est pas encore installé,  mais elle attend déjà le bourgeonnement du printemps. Son regard s’arrête sur le magnolia qui perd ses feuilles et elle l’interroge. Quand tes fleurs roses viendront à éclore, où serai-je mon bel ami ? Elle se lève. Elle va se faire du café. A 16 heures, elle est folle. Le sommeil va encore la déserter. Tant pis, elle a toujours aimé le café. Victor buvait toujours du café à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Elle cogne du plat de sa main sur la table. Elle en a marre du thé et des anglais. Elle va se doucher et rentrer à Paris… Mais pas chez elle… Elle va aller dans une chambre d’hôtel. Elle va une fois de plus refaire sa vie. Victor sourirait en disant, encore. Il a toujours été le seul à ne jamais la juger. Il lui manque… Il lui a toujours manqué.


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