Magazine Journal intime

Allo la base

Publié le 07 mars 2009 par Audine
robots à cartouches.jpg

Je m’appelle M. et je suis préparateur de commandes, à la base régionale de SUPERSUPER, à la sortie ouest depuis deux ans environ. Je connaissais T. qui était employé en tant que préparateur aussi, mais je peux vous dire qu’il était polyvalent et il faisait cariste, manutentionnaire, chargement et tout le reste. Un peu après que je sois rentré dans la boite, T. était préparateur aux liquides et avait déjà été changé de plusieurs postes de travail par son responsable, A.

Nous sommes tenus à des quotas et en changeant comme ça, il est difficile de faire notre productivité journalière.

T. avait demandé de faire que cariste, mais A. avait refusé.

Il l’a mis à ce poste avec du matériel qui a du mal à fonctionner, à croire que c’était fait exprès, même son casque vocal qui était relié au central de la base pour faire notre travail fonctionnait très mal.

Le système vocal reconnaît la voix avec un enregistrement prédéfini.

Certains facteurs empêchent le serveur de reconnaître notre voix.

T. se plaignait de ce mauvais fonctionnement.

On lui répondait qu’il fallait qu’il se débrouille comme cela et qu’il était facile de faire de la comédie.

T. a demandé de prouver sa bonne foi en demandant son accompagnement mais personne ne s’est déplacé.

Après ce moment, T. s’est mis à pleurer et il est allé prendre une pause d’une demie heure pour se calmer.

Quand il est revenu, comme rien n’avait été réparé, il est rentré chez lui en informant ses responsables.

J’ai bien vu et entendu A. dire que si le casque et l’appareil  ne fonctionnaient pas, il ne pouvait pas travailler et qu’il rentrait chez lui.

J’ai su par la suite que A. et T. s’étaient prises de bec mais je n’ai rien entendu de cette conversation.

J’ai repris mon travail et j’ai vu T. partir, c’est tout.

Le lendemain, j’ai pris le matériel qu’avait T. la veille et pendant un mois, ça n’a pas fonctionné normalement.

Je sais que plusieurs employés ont eu des problèmes avec A. pour tenir les quotas.

Je voudrais ajouter qu’après un an de travail au sein de cette entreprise et en ayant fait le quota tous les jours, un matin, je n’étais pas en forme et je n’ai pas fait la productivité voulue. A cause de ça, j’ai été convoqué dans la même journée à deux reprises, une fois par le responsable d’exploitation et la deuxième fois par lui et A. Pour moi, j’ai pris ça pour du harcèlement.

Tous les jours, il faut arriver au quota et je comprends pourquoi un ouvrier peut péter un plomb.

Ce jour, lecture faite par moi des renseignements d’état civil et de la déclaration ci-dessus, j’y persiste et n’ai rien à changer, à y ajouter ou à y retrancher.

Je m’appelle D. et je suis agent de maîtrise au sein de la base de SUPERSUPER à la sortie ouest.

J’exerce cette profession depuis 2003 en tant que chef d’équipe et depuis 2000 en tant que préparateur.

Quinze employés travaillent avec moi et T. n’en fait pas partie.

A partir du mois d’avril 2007, nous avons changé notre système de fonctionnement remplaçant l’étiquette Label par le système vocal.

Il a fallu un certain temps d’adaptation car nous étions la base test, certains employés ont eu plus de mal que d’autres à s’y adapter.

Il est vrai que ça n’est pas facile car le système vocal reconnaît notre voix suite à un enregistrement prédéfini.

Certains facteurs comme l’énervement ou l’essoufflement empêchent le serveur de reconnaître la voix.

Il y a eu d’énormes difficultés avec ce système de travail.

Le problème est qu’il y avait une mauvaise compréhension des mots clés.

Je ne travaille jamais avec T. car il a un autre chef d’équipe, qui s’appelle G. Juste une fois en remplacement de G. qui était absent.

Ce jour là, il est venu me trouver en me disant qu’il avait du mal, qu’il répétait souvent les clés.

Dans un premier temps, je lui ai changé le casque, et je l’ai suivi pour voir sa façon de travailler, si ça n’était pas l’effort qui l’empêchait de se faire entendre.

C’est un appareil très sensible.

Effectivement, il avait quelques problèmes de compréhension.

Je lui ai proposé de réenregistrer mais il m’a dit qu’il l’avait déjà fait.

Je lui ai donc expliqué que je verrais avec son chef d’équipe quand il reviendrait.

Je ne pourrais vous dire exactement la date, mais je sais que le jour même, il est venu me trouver en me disant qu’il en avait marre, qu’il voulait arrêter de travailler avec le système vocal, tant qu’on n’arrivait pas à régler son problème.

Je lui ai proposé de travailler par papier, puis le responsable A. est arrivé.

T. s’est entretenu avec lui et je n’ai pas entendu la conversation car je me trouvais dans le bureau d’à coté.

J’ai senti T. énervé.

A la fin de leur conversation, T. est venu me voir et m’a dit qu’il était trop énervé pour travailler et qu’il fallait que je lui signe un bon de sortie.

Dans un premier temps, j’ai refusé et j’ai essayé de le raisonner.

Il est parti quand même et je l’ai rattrapé dans l’allée, il a craqué mentalement.

Il disait que tout le monde s’en foutait alors que ça n’était pas le cas.

Nous avons vu avec son responsable informatique afin de réinitialiser son enregistrement vocal.

Mais vu son état, on ne pouvait le faire.

Je lui ai signé un bon de sortie, avant qu’il ne reparte calmé.

Depuis ce jour, il n’est plus jamais revenu au travail.

Ce jour, lecture faite par moi des renseignements d’état civil et de la déclaration ci-dessus, j’y persiste et n’ai rien à changer, à y ajouter ou à y retrancher.

Je m’appelle A. et je suis responsable de la préparation de commandes depuis 2001 à la base SUPERSUPER de la sortie ouest. Auparavant, je travaillais en tant que préparateur de commandes.

T. était préparateur de commandes de l’équipe d’après midi. Tous les préparateurs sont polyvalents, ils font du chargement de camion, cariste, préparateur.

Je connais T. depuis novembre 2003, quand il est rentré dans l’entreprise, il a toujours été dans mon service.

La préparation vocale a amené les préparateurs à travailler différemment et changer totalement leur façon de travailler, auparavant tout était sous support papier. Maintenant, le préparateur se déplace avec un oreillette pour faire sa préparation, c’est vrai que ce système intéressant au niveau rapidité de préparation fait perdre la notion de convivialité qui pouvait exister dans le service lors des demandes verbales entre employés.

Ce système individualise le préparateur et l’isole.

De 2003 à avril 2007, T. travaillait normalement et il n’y a jamais eu de problème particulier avec lui dans le travail.

En avril 2007, le système vocal a été mis en place et T. a eu dès le départ des problèmes, l’enregistrement de sa voix posait des problèmes.

Lorsqu’il émettait le numéro de colis qu’il préparait, l’ordinateur ne reconnaissait pas sa voix et le faisait répéter à diverses reprises. Nous avons essayé de faire de multiples enregistrements pour pouvoir trouver la solution à ce problème mais ça n’a pas été possible.

La tonalité de la voix de T. n’était pas enregistrable par l’ordinateur, mais ça n’était toutefois pas systématique et nous avons continué à employer T.

Il a travaillé avec ces difficultés, et pendant une période, il a même été employé en tant que cariste.

Les problèmes pour l’entreprise venant de son problème vocal était un retard de commandes qui devait être compensé par les autres équipes.

Il y a d’autres personnes qui ont eu des problèmes similaires, mais après quelques semaines, ces personnes s’habituent, seul T. continuait à ne pas arriver à s’adapter.

Ce jour là, T. est venu me voir en prétextant qu’il ne pouvait commander avec ce système vocal, c’était en début de journée, il n’avait pas encore commencé.

Je lui ai dit qu’il commence à travailler avant de dire ça, il n’a pas voulu.

Je lui ai dit qu’il pouvait travailler sur support papier, comme nous le faisions auparavant, il n’a pas voulu.

Il m’a dit qu’il voulait travailler à un autre poste que la préparation, et comme il n’y avait pas d’autre poste vacant, j’ai dit non et que s’il voulait rentrer chez lui, il pouvait le faire, qu’on arrangerait ça en RTT et qu’on verrait comment.

Il m’a demandé d’avoir un rendez vous avec le chef d’établissement, mais je n’avais pas le planning et je n’ai pas pu lui donner de rendez vous.

Suite à ça, je suis allé voir D. qui lui a donné une autorisation de sortie.

Si demander à un employé de faire son travail devient du harcèlement, je ne comprends pas. Les mots que j’utilisais avec lui n’étaient pas provocateurs et ne lui portaient pas atteinte moralement.

Ce jour là, T. semblait particulièrement fragilisé psychologiquement, à mon avis, il n’a pas supporté le nouveau système mis en place.

Je n’ai jamais eu de comportement de harceleur, mon poste m’impose de respecter les commandes quotidiennes, je ne pense pas être rigide dans mon travail, au contraire, j’essaie d’arranger la personne de mon mieux.

Ce jour, lecture faite par moi des renseignements d’état civil et de la déclaration ci-dessus, j’y persiste et n’ai rien à changer, à y ajouter ou à y retrancher.

Je ne connaissais pas T., je sais qu’il travaillait à la base SUPERSUPER de la sortie ouest, comme préparateur de commandes, comme moi.

Je sais également qu’il a rencontré des problèmes avec le système de reconnaissance vocale, comme moi.

Je m’appelle R. et je travaille à la base depuis quatre ans et demi, le système de reconnaissance vocale a été mis en place vers avril 2007.

La difficulté que j’ai rencontrée est que l’appareil est porté par une ceinture. J’avais un problème de liaison avec le système, il y avait des pertes de contact. Le système n’était pas au point.

Les ceintures étaient attribuées nominativement, avec un numéro.

Notre voix était enregistrée.

J’ai essayé de travailler de mon mieux. Je suis allé me plaindre des dysfonctionnements de l’appareil auprès de A.

A. m’a aussitôt dit « il y a plusieurs personnes qui ne jouent pas le jeu ». J’ai essayé de lui expliquer qu’il y avait des problèmes, mais il m’a dit que si je n’étais pas content, je n’avais qu’à chercher du travail ailleurs.

Ceci a déclenché une dispute entre nous, j’ai été arrêté pendant deux mois et demi pour dépression médicale.

Lorsque je suis revenu travailler, un collègue m’a proposé de changer la ceinture et là, j’ai aussitôt constaté que le système fonctionnait bien, le problème venait de ma ceinture, cela a été reconnu progressivement par les responsables et le système a été modifié et arrangé.

Je ne peux pas parler au nom de T. mais je comprends les problèmes qu’il a pu rencontrer.

Ce jour, lecture faite par moi des renseignements d’état civil et de la déclaration ci-dessus, j’y persiste et n’ai rien à changer, à y ajouter ou à y retrancher.

Je m’appelle B. et je travaille depuis juillet 2003 à la base SUPERSUPER de la sortie ouest comme préparateur de commandes.

A la fin de cette année, je suis passé chef d’équipe dans ce domaine.

Je n’ai jamais eu de contrat de chef d’équipe, je suis payé comme préparateur de commandes.

De par la responsabilité de chef d’équipe, je fais des heures supplémentaires non rémunérées.

J’ai demandé au directeur le paiement de ces heures.

Peu après, A. est venu me chercher, il m’a conduit devant le directeur et ils m’ont demandé de démissionner de la base. Je leur ai demandé pourquoi et qu’est ce qu’ils me reprochaient et il m’a simplement été dit que je ne correspondais pas au profil.

J’ai dit que ça n’était pas normal et j’ai voulu reprendre mon poste mais A. mais alors dit « tu n’as pas compris ? C’est fini ».

Je suis rentré chez moi et j’ai été en maladie pendant une semaine pour dépression maladive.

Pendant cette semaine là, un avocat m’a conseillé de retourner au travail dans la mesure du possible et de reprendre le poste qu’ils me faisaient continuer, c'est-à-dire préparateur de commandes.

En tant que chef d’équipe, j’ai travaillé pour former les personnes aux commandes vocales. Il est vrai que dans les premiers temps, ça ne fonctionnait pas bien et que les employés avaient des difficultés pour s’adapter.

J’ai su que T. avait eu des problèmes avec les commandes vocales mais il ne travaillait pas dans mon équipe et je n’en sais pas plus.

Je sais qu’il y a eu d’autres personnes qui ont eu des problèmes mais ces personnes préfèrent ne pas se faire connaître. Manifestement, lorsque j’ai voulu obtenir des attestations d’employés de mon entourage, je n’ai pas réussi car les gens préfèrent ne pas parler dans ce genre d’affaire.

Ce jour, lecture faite par moi des renseignements d’état civil et de la déclaration ci-dessus, j’y persiste et n’ai rien à changer, à y ajouter ou à y retrancher.

Je m’appelle T. et je viens d’envoyer ma lettre de démission à la base SUPERSUPER de la sortie ouest.

Je désire porter plainte contre A., pour harcèlement moral.

A. est responsable sur le site de la base.

J’ai commencé à travailler à la base SUPERSUPER en novembre 2003.

Depuis l’été 2005 j’ai des problèmes avec les responsables du site.

Ils me faisaient miroiter que je pouvais monter en grade et pour cela, ils me demandaient « si tu changes de place tes congés cela pourra toujours être bien vu ». Pour arranger, je changeais mes congés sans rien dire. Ils me changeaient également de poste pendant l’été parce qu’il manquait du personnel.

Effectuant mon travail correctement, j’ai toujours été conciliant avec mes responsables pensant que j’allais avoir une promotion.

J’ai commencé à travailler sur le site comme préparateur de commandes, par la suite, j’ai été cariste pendant quelques temps. En fait, j’ai été polyvalent et j’ai occupé plusieurs postes.

Voyant que je n’avançais pas dans ma carrière, j’ai commencé à poser des questions à A. et ce dernier me disait qu’il manquait du monde par moment sur les autres postes et c’est pour ça qu’il fallait que je comble les postes. Ce dernier, un jour à la fin de l’été 2006, il m’a dit qu’il allait appuyer ma demande pour un poste de cariste à l’année.

Le harcèlement a commencé réellement lorsque j’ai été remis à la préparation des commandes, après l’installation du système vocal. Le système ne fonctionnait pas bien pour moi, il ne reconnaissait pas ma voix. Je ne pouvais donc pas travailler correctement et faire l’objectif qui était demandé.

Pratiquement tous les jours, A. me faisait des réflexions sur le fait que je n’arrivais pas à atteindre mon objectif concernant la préparation des colis.

Pour bien me faire comprendre, il me tournait l’écran de l’ordinateur pour que je puisse voir et me faire des réflexions.

Je n’ai jamais eu de problèmes pour atteindre mes objectifs avant la mise en place de ce système vocal.

A. m’a affirmé que lui aussi il pouvait rester vingt minutes sur une adresse pour ne pas faire le travail.

Etant fragile des nerfs, avec ces réflexions quasi journalières, je me suis mis en arrêt de travail après une grosse altercation où il m’avait dit « si ça marche pas, tu vas prendre le tourniquet ».

D. qui était présent et qui est un responsable de zone, m’a fait un bon de sortie pour quitter mon travail car j’étais en pleurs.

Avant de partir, j’avais demandé à A. un rendez vous avec le directeur, mais A. m’a dit qu’il ne fallait pas que je dise « je veux » et nous nous sommes quittés sur ces paroles.

Suite à ça, j’ai écrit au directeur te il m’a convoqué dans son bureau. Après lui avoir expliqué mon problème, il m’a proposé un autre poste toujours sur la base. Il m’a dit également que A. lui avait dit qu’il y était allé un peu fort avec moi.

Je lui ai dit que ce changement de poste n’allait rien changer au problème que j’avais avec A..

Il m’a proposé un licenciement à l’amiable.

Mais le problème dans tout ça, c’est qu’il me demandait de ne pas me présenter sur mon lieu de travail, de ne pas répondre à ces convocations pour ainsi pouvoir me licencier pour motif d’absence injustifiée.

Je n’ai pas accepté cette proposition car pour moi, j’ai ma fierté et je ne voulais pas être licencié pour faute grave. Je ne désire pas que mon futur employeur puisse croire que je suis un homme qui ne tient pas la route.

Ce jour, lecture faite par moi des renseignements d’état civil et de la déclaration ci-dessus, j’y persiste et n’ai rien à changer, à y ajouter ou à y retrancher.


Retour à La Une de Logo Paperblog