Reconversion professionnelle

Que cette journée de lundi a été longue et pénible. Des maux de tête tenaces m’ont tenue dans ma chambre, les volets clos, alors que dehors, le ciel affichait une mine pimpante. Une journée passée, à poser quelques jalons en vue d’une reconversion professionnelle. Je n’ai plus envie d’exercer ma profession. Je n’ai jamais aimé ce métier imposé par mon père alors que j’avais à peine 15 ans. Durant des années, je me suis dissimulée derrière mon rôle de vestale et d’éducatrice de mes enfants… Oui, mais voilà, les enfants partis et la réalité économique m’ont poussée hors de chez moi, et j’ai été obligée faute de baccalauréat, de suivre encore, cette voie… Le BTP reste envers et contre tout un milieu âpre pour les femmes. Il faut sans cesse lutter, sans cesse prouver, sans cesse se défendre de fautes qu’on n’a pas commises… Fin janvier, j’ai démissionné du dernier poste occupé. La pression était devenue insupportable. Je ne suis pas assez forte, ni assez blindée pour soutenir mon reflet dans un miroir déformé par d’autres. Quelque chose a hurlé en moi ça suffit!
J’ai encore devant moi, une bonne quinzaine d’années pour trimer, cotiser et payer ma dîme à l’Etat glouton, alors autant faire quelque chose qui me plait et tenter de m’épanouir. J’ai décidé de me défaire de cette image toute faite par mon père et que d’autres ont pris grand soin de souiller à grand renfort de ragots et de potinages…
Hier, je me suis adressée à une filiale de l’ESTP où mon fils a étudié. Oui, je sais, je connais la formule consacrée des étudiants de la Maison Eyrolles “Eyrolles Suce Ton Pognon”…. J‘ai eu au bout du fil des gens de bon conseil. J’attends dans les jours à venir, par voie postale, un dossier papier détaillant les modules de cette formation, à mon sens très sérieuse. Le coût est certes, élevé, mais les débouchés sont non négligeables. Je vais devoir bûcher et bachoter comme une étudiante jusqu’à la fin de l’année. Puis, passer des examens pour me faire certifier conforme et apte à exercer. C’est le prix à payer pour me reconstruire une autre identité et faire un pied de nez à tous ceux qui m’ont crue anéantie… Ils se sont trompés. J’ai remis ma vie en marche…

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