Magazine Journal intime

Cinéma

Publié le 11 mars 2009 par Dunia

Le bon vieux temps

L’Enfer des Anges

Battu par son père, ouvrier alcoolique remarié à une mégère, Lucien est laissé pour mort dans un terrain vague. A son réveil, devenu amnésique, le jeune garçon rencontre Lucette évadée d’un centre de correction. Ensemble ils échouent dans un quartier de Paris où Max, un trafiquant de drogue qui trempe dans diverses combines louches, profite de la misère de tous pour son propre compte. Un jour ce dernier, lors d’un vol qui tourne mal, blesse grièvement un homme. Il fait porter la responsabilité à Lucien qui est arrêté par la police. Désespérée, Lucette tente de se suicider. Entre-temps, Lucien est repris par son père venu le chercher au commissariat. Maltraité par ce dernier, il réussit à lui échapper et le lapide avec ses amis de la cité.

Qu’est-ce que je viens de raconter? Un documentaire réalisé par Envoyé spécial ou Enquête exclusive ayant pour sujet la misère, la pauvreté et la violence qu’elles engendrent dans le 20ème arrondissement de Paris? Un film d’auteur mettant en images le quotidien d’enfants d’immigrés ou de chômeurs au-delà du périphérique? Des divers ayant eu lieu le mois passé relaté par Sept à Huit? Pas du tout. J’ai décrit le synopsis de L’Enfer des Anges tourné en 1939 par Christian-Jaque , avec -entre autres- des dialogues de Jacques Prévert. Grâce -ou à cause- de l’une de mes trop nombreuses insomnies, j’ai pu voir ce film qui passait tard hier soir sur France 3. Tous les ingrédients de notre triste actualité y sont contenus ou suggérés: la crise, le trafic de drogue, les vols, l’exploitation de la misère, le chômage, la violence, l’alcoolisme, l’incitation à la prostitution, la pédophilie, la promiscuité, la saleté, la dépression, le suicide, le meurtre, les maltraitances sur les enfants ou leur abandon, les indicateurs, la police et la prison.

Il n’y a rien qui m’agace tant que ces personnes qui idéalisent le passé. Que ce passé idéalisé, trafiqué, tronqué soit en plus utilisé par les politiciens ou des mouvements religieux intégristes pour nous dominer dans le présent, m’irrite encore davantage. L’être humain n’ayant pas changé d’un iota en 5′000 ans, le passé était au moins aussi laid et violent que notre présent. Je dirai même davantage. Comme d’habitude, cela dépendait surtout du côté de la barrière duquel on se trouvait. Tandis que les riches vivaient dans leurs monde merveilleux, pour les pauvres c’était “marche ou crève”. Et cela depuis toujours et encore maintenant, même si pour ma part je reste persuadée que notre présent est plus agréable que le passé de nos grands-parents où arrière-grands-parents.

Le passé c’est moche. C’est laid. C’est hideux. C’est plein de famines, de maladies, de misère, de maltraitances et d’injustices.

Le seul passé qui soit beau, est celui des vingt-ans de chacun, quelle que soit l’époque, quand on est dans la force de l’âge, quand on a l’impression que l’avenir s’ouvre à nous. Qu’individuellement le passé puisse être beau, oui je le crois. Qu’un passé, même difficile, puisse laisser des souvenirs agréables, c’est possible. Sinon, le passé en lui-même, c’est merdique. Socialement, le passé c’est même carrément l’horreur. Les personnes qui rabâchent que les soixante-huitards ont foutu en l’air une merveilleuse société idyllique où tout allait pour le mieux dans le meilleurs des mondes, sont des manipulateurs dont le seul objectif est de récupérer, grâce à notre courte mémoire, leurs privilèges perdus. Que ceux qui en doute, plongent le nez dans les manuels d’histoire, revisionnent des films comme L’Enfer des Anges, M le Maudit, Le Jour se lève ou Furie , relisent les classiques tels L’Assomoir ou La Bête humaine par exemple, deux romans écrits “au bon vieux temps” d’Emile Zola. Comment cela je me réfère à un passé trop lointain? J’oublie ces idoines années d’après-guerre situées entre 1945 et 1970? Celles où la femme n’avait d’autre avenir que de se marier, où elle passait des mains de son père à celles de son mari, ou elle n’avait le droit ni de disposer de son corps, ni de posséder un compte un banque à son nom propre si elle était l’épouse de quelqu’un? Celles où en Suisse la femme n’avait pas même le droit de vote? Celles où tous les lacs d’Europe étaient pollués, ou les ouvriers travaillaient l’amiante comme s’il s’agissait de pain d’épice et ou les industriels pouvaient contaminer l’environnement en restant impunis? Celles où l’on a envoyé des milliers de jeunes français à la guerre d’Algérie? Celles de la guerre froide où l’on vivait dans la crainte que les Américains et les Soviétiques pulvérisent la planète avec leurs armes nucléaires? Celles ou l’on pouvait maltraiter ou violer un enfant, parfois sous forme institutionnelle sans que personne sans soucie? Oui bien sûr, quelle belle époque!

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Photographies du film L’Enfer des Anges.


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