Magazine Journal intime

I googled you

Publié le 14 mars 2009 par Oskarrnajh

I googled you
La gerbe Darling. Envie d'un psy qui dise des conneries sur ma prime jeunesse. J'suis bouffé d'sommeil. Humeur voyeuse. J'veux voir c'que tu caches, des images des mots des témoignages des aveux. La tu vois, j'crawl le web comme un vicieux. J'google les gens que j'croise et qu'j'ai pu croiser, parce qu'on croise beaucoup. On crois tout.
J'attrape des brides d'intimité semi-planquées. Un truc malsaint qui fait bander les boyaux (cette sensation incroyable dans l'bide quand tu déterres un morceau d'eux). J'mange la vie des anonymes. A croire que j'ai fini d'bouffer la mienne. J'veux des lambeaux d'toi Darling. Des gros lambeaux d'ta vie savonnée. La liste de tes courses. La surface fiscale de ton appartement. Par l'nombril, t'as la main sur la zone hyper érogène d'mon boyau. Les restes de ton repas, j'veux coire le vide de ton assiette. Ton placard à chaussure. Tes inventaires. Une vidéo d'tes vices, une liste succinte de tes fantasmes, j'veux l'inavouable derrière ta jolie tête. Tes analyses d'urine, le rapport du questionnaire que t'as rempli à l'ANPE. Les trucs dont t'aurais pas envie d'avoir envie, ceux qu'tu veux quand même. La manière dont tu tries tes livres sur l'étagère du salon, des trophées comme autant d'têtes de sangliers collés au mur chez les chasseurs. J'adore regarder la bibliothèque. L'idée de lire des livres encore m'emmerde la plupart du temps. J'veux lire le compte rendu exhaustif de ce que tu dis pas dans ta façon d'exister. Les questions qui t'font buter, douter. Tout ce qui t'angoisse. Le souvenir de c'que t'as baisé à contrecoeur. Par compassion le plus souvent. Sans te douter que l'autre te baisais avec la même compassion. Pour chacun d'entre nous, le malentendu est devenu une force.
J'veux tes dernières photos d'vacances, l'érotisme torride des membres flasques enduits d'crème solaire, le sable collé aux couilles, aux seins, au cul. Le calendrier de tes règles, les périodes de chaleur de ton chat, le dernier cadavre que t'as vu, le tirroir ou tu ranges tes sous-vêtements. J'veux savoir à quoi ressemble une vie, une vie comme on la vie, pas comme on la montre.


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