Magazine Humeur

Publié le 16 mars 2009 par Voilacestdit

[En cours de rédaction]
Total, Continental, AIG... ce qui ne va pas
Total annonce quasiment le męme jour, dans la foulée, 14 milliards de bénéfices, et la suppression de 553 emplois. Erreur de communication ? Sűrement pas : le patron, Mr de Margerie, a reçu huit jours plus tôt la distinction de meilleur communicant [voir le billet : "Le PDG de Total superstar !"]. Ce n'est pas un problčme de communication. Ce n'est męme pas un problčme du tout.
Continental annonce abruptement la fermeture de son usine de pneumatiques de Clairoix, avec, ŕ la clé, la suppression des 1120 emplois. Continental ne s'était-il pas engagé il y a deux ans ŕ maintenir l'emploi, en échange des efforts demandés aux salariés qui avaient accepté de passer de 35 ŕ 40 heures de travail par semaine [pour le męme salaire s'entend] ? Sűrement pas : Le directeur du personnel du groupe, Heinz-Gehard Wente, l'assure "il n'y a pas eu de garanties données". Ce n'est pas un problčme de contrat moral. Ce n'est męme pas un problčme du tout.
AIG reçoit massivement l'aide de l'Etat américain pour échapper ŕ la faillite. On apprend qu'il a commencé ŕ verser 450 millions de dollars de rémunération variable ŕ des employés de sa filiale financičre, ŕ l'origine de sa déconfiture. Un scandale ? Sűrement pas : le patron [récemment mis en place par le gouvernement aprčs le sauvetage] juge certes cela un peu "de mauvais goűt et difficile ŕ défendre", mais il s'est dit contraint pour des raisons légales. Ce n'est pas un problčme de morale. Au mauvais goűt prčs, ce n'est męme pas un problčme du tout.
Et pourtant. Et pourtant on sent bien que ça ne va pas. Qu'est-ce qui ne va pas ? Ce qui ne va pas, c'est l'imperturbabilité des logiques partielles mises en oeuvre.
Total est [si on peut dire] dans une logique partielle, exclusivement financičre. Pas de place pour d'autres considérations. Continental y va aussi de sa logique partielle, exclusivement de rentabilité. Le groupe a une surcapacité de 15 millions de pneux. Le site de Clairoix, qui en fabrique 7,5 ŕ 8 millions, est l'usine d'Europe oů les coűts de production sont les plus élevés. Le reste est affaire de calculettes. AIG enfin ne connaît que la logique partielle du contrat gérant les rémunérations variables [étonnant tout de męme que ces rémunérations variables ne soient pas en corrélation avec le résultat ?] indépendamment du reste.
Ce sont ces logiques cloisonnées qui sont ŕ l'origine de la catastrophe dans laquelle nous sommes. Il serait temps de s'en apercevoir. Et de dénoncer, partout oů on peut, ces logiques fermées, trompeuses.
Il faut aussi se poser la question du rôle qu'on fait jouer ŕ la loi. Total dit : rien d'illégal ŕ faire du bénéfice, et casser de l'emploi. Continental dit, par la voix de son directeur du personnel : "La suppression des usines ne constitue pas une infraction des lois, des accords, ou des conventions collectives". AIG se dit contraint par des dispositions légales. Que signifie ce rapport constant ŕ la loi ?
Il signifie que notre société est en perte de [bon] sens. Quand on ne sait plus comment se conduire - c'est précisément l'objet de la morale - alors on se rabat sur la loi [ce qui explique l'inflation du nombre des lois, puisque les lois doivent tout régler ŕ notre place].

Article ajouté le 2009-03-16 , consulté 1 fois

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