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Pierre ! Pierre !

Publié le 30 mars 2009 par Unepageparjour

Pour lire le début de "Pierres et Natasha"

«  - Pierre ! Pierre ! ».

Natasha accourt, agitant la main. Mais ses pieds glissent sur les pierres rondes, ses jambes se tordent, tout son corps, à la recherche d’un équilibre aléatoire, danse, comme un funambule, sur cette plage si étrange. Il s’est levé, pour aller à sa rencontre.

«  - Donne moi le sac, que j’enfile la robe ! », semble s’impatienter Natasha.

Pierre s’immobilise. Il ne comprend pas. Elle lui arrache sa vieille besace usée, l’ouvre avec précipitation, et en retire sa robe blanche, qu’elle secoue dans le petit vent, pour en déplier tous les recoins, les frous-frous des manches, la traîne légère, le faux-cul, la cascade de jupons. Deux mouettes qui s’étaient approchées, curieuses, se retirent précipitamment, apeurées par les grandes ailes immaculées de la robe.

« - Mais … ».

Pierre ne termine pas sa pensée. Sa femme a retiré son tee-shirt avec désinvolture et se dévêt de son jean de la même manière. Sans prêter attention si des gens … les mouettes reviennent, un peu timides. Pierre laisse ses bras inutiles se balancer le long de son corps. Il aperçoit soudain les grosses fraises rouges qui s’arrondissent sur les fesses de Natasha. Il soupire. Elle disparaît, sous les nuages de soie et de tulle. Puis sa frimousse rieuse réapparaît, comme par magie, et le reste de la robe épouse son corps, comme il faut, sans bosses ni plis.

«  - Tu vois, ce n’était pas bien compliqué ! Et arrête de faire cette tête d’enterrement, à la fin ! C’est notre voyage de noce, quand même, non ? On a bien le droit de rigoler !

- Oui, mais, les gens …

- Les gens, quels gens ? coupe-t-elle, en tournant sur elle-même, pour faire gonfler sa robe dans les caresses de la brise marine. Tu viens, on va dans l’eau ! ».

Pierre ramasse le sac, devenu plus léger, et les vêtements de Natasha, encore chauds. Il la suit.
Ils longent le rivage, laissant leurs pieds brûler sous les baisers glacés de la mer, malgré le regain de soleil, qui a su déchirer le voile du ciel. L’écume frissonnante s’amuse à  déposer sur leur cheville des liserés de mousse blanche, qui s’envolent par petits paquets, au contact du vent et de la marche.

«  - Ha ! Tu sens comme ça fouette le sang ! C’est d’un bien fou, non ? ».

Natasha ne s’adresse pas à Pierre, elle se parle à elle-même, plutôt, avalant par grande gorgée des litres et des litres d’atmosphère iodée. Mais le piquant de cette promenade ne semble plus lui suffire, soudain, et, la moue boudeuse, le regard à demi lascif, se frottant contre lui, elle minaude :

«  - Et si on se baignait ? Ce serait dingue, non ?

- Dingue, oui. », répond Pierre, sans avoir compris qu’il s’agissait d’une invitation.


 


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